Du
plus haut du toit, une cloche et tinte et recommence et tinte et dit :
il est en haut, au plus haut où tout forme sa régularité, sa pulsation.
Sincère, il dit et redit : rien et rien encore, mais doucement lance un
cri étouffé. Le sanglot dans le soir et dans le matin tinte, tinte
doucement et monotone dans l’air, tinte.
Il
se fera, il se dira, il y donnera des pierres à pleines mains, des
poignées de cinq doigts pour tenir cinq chevaux à droite et cinq chevaux
à gauche, main droite, main gauche, une fraternité tropicale, guerriers
tueurs de lion et guerriers perdus, bergers trayeurs, trayeurs de sang
et de lait, frères de sang, frères de lait, de main droite et main
gauche.
En
haut du toit, en haut des marches de chaque étage, la beauté et la
force tintent, guerriers, guerriers perdus, bergers trayeurs, trayeurs
de fureur et de sortilèges, vous êtes tordus et enlacés, sur cette
terre, dans cet air, dans le rapide et dans le calme, les hommes des
deux mains frottent le pied dans la poussière.
Rien
sur le devant et tout à l’abandon, tu chantes et tu cherches et tu te
tiens au rebord de ton balcon, tu converses avec les étoiles et en
nuages tu étends au ciel, au ciel la main toujours plus haut, toujours
en avance, toujours sur la vie et sur le dos, dans la main cinq chevaux
de troupeaux perdus au ciel.
Au
ciel tout est parti, tout y revient, les vieillards chantent la longue,
longue plainte encore, en toi, en ton nom, sur ta bouche, sur le flanc,
ils sont perdus et ils imaginent et ils se donnent un air et puis un
autre, ils comprennent, ils s’enchantent, ils prophétisent et
recommencent.
Puis
en haut, puis en bas, de l’esprit souffle dans l’histoire, ce qui
compte bien plus encore. Serviteurs de l’esprit envolé, perdu, ils se
contentent et ils s’enchantent et comptent, comptent bien des saisons,
du temps perdu et des paroles sans histoire, tout au début, tout à la
fin, ils parlent, parlent.
Laissez
venir, laissez venir les petits enfants, laissez compter les pierres du
chemin, les étoiles au ciel et chaque doigt de chaque main, à droite à
gauche, guerriers perdus, bergers trayeurs et lait et sang mêlés dans
l’ombre, dans la nuit, sans le jour, dans le temps sans carnage, les
petits enfants pleurent, un genou droit, un genou gauche, perdus au
ciel, perdus là bas.
Les
vieux y songent et interprètent, tout est trop ardu, trop sensible, il
est plus fort le temps, il se perdent en esprit et accrochent enfin
l’histoire, et un plus un et tout pour tout, rien sur le devant et tout à
l’abandon, tu chantes et tu cherches et tu te tiens au rebord de ton
balcon, la cloche tinte, l’esprit souffle et dans l’histoire ce qui
compte dans le soir et dans le matin, tinte, tinte doucement et monotone
dans l’air, tinte.
Il
se fera, il se dira, dit-il, il est en haut au plus haut et tout y
forme sa régularité, sa pulsation sincère, il dit et redit rien et rien
encore mais doucement il lance, les serviteurs et l’esprit envolé perdu,
ils se contentent. Ils commencent ici leur éternité.
17 Avril 2013.
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