I
Je nous écris, petite chambre, terrain partagé, cœur éloigné, seul, seulement partagé, assis, table,
travail repris, et sans cesse songeant. Qui dit ta place, cœur occupé
aujourd’hui, et nuit encore, depuis que, depuis que, depuis, malgré moi,
lassé et cassé, travail tombé, cœur débordé, lent, lentement
levé, attiré, cœur secret, temps ouvert.
II
Lettres, lettres exilées, à lire et relire, charme et
tristesse, plaisir abandonné, je dois détruire, tout revient, la table, les
yeux fixés, lettres à lire, lisant, je vous écris de cette petite chambre:
ciel pesé, comme
un cercueil qui tombe, lourd madrier, toit éclaté,
charpente, vermine tu ronges, je te cherche et je te vois, ensanglanté,
perdu, cœur outragé, au suaire, seul, seulement, seul, exil et isolement.
III
Après un temps, une autre lettre et ouverte, lisant, des
cris joyeux d’enfants sous la fenêtre, des cris d’enfants, je pense au
temps, les petits jouaient-ils,
oublient-ils peut-être, cessant de lire, non, l‘image
est vivante, revenez, mais, oh, revenir, lettres de glace et d’épouvante,
lisant, on dit Noël, et jamais, et connaître une vérité et répondre
encore et toujours.
IV
Qui est là, qui est d’ici, disparu de toi, absent de toi,
pleure-moi, répétant avec effroi, craignant
de comprendre, ne m’accuse pas, pleure-moi, lire,
lecture, oui, lisant, de ces yeux pleins de charmes, ces lignes, oui
relisant, mouillé de larmes, ô, et tu frémiras, sans lire, tu frémiras,
tu frémiras.
V
Je ne fais rien, je te regarde et je vois et je pense et je
dis : ressource pleine et volonté, et totalement,
et sûrement tout en précision, je regarde et je compte, je
pèse et tout au poids de chair, tout à la rente, et tout au panier, tête
tombée, cœur déchiré, ici loin et ici près, encore sans armes, sans bannières,
attendre et se confondre au ciel souverain, à la clarté, aux anges.
VI
Noël est passé, tout avance
et tout est à rompre, les pactes et les lois, tu aimes et tu
te désespères, champ partagé, terrain meurtri, pays perdu, tu envisages et tu
reçois et tout encore tout du ciel te condamne, les arbres, les vallons, front
dépouillé et cœur absent depuis qu’il est parti, malgré moi, tout me lasse, ouvrage
tombé.
25 Juillet 2016.
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