dimanche 6 novembre 2016

Balcon sur l’Atlantique, sur l’Afrique et la Russie.

Du plus haut du toit, une cloche et tinte et recommence et tinte et dit : il est en haut, au plus haut où tout forme sa régularité, sa pulsation. Sincère, il dit et redit : rien et rien encore, mais doucement lance un cri étouffé. Le sanglot dans le soir et dans le matin tinte, tinte doucement et monotone dans l’air, tinte.

Il se fera, il se dira, il y donnera des pierres à pleines mains, des poignées de cinq doigts pour tenir cinq chevaux à droite et cinq chevaux à gauche, main droite, main gauche, une fraternité tropicale, guerriers tueurs de lion et guerriers perdus, bergers trayeurs, trayeurs de sang et de lait, frères de sang, frères de lait, de main droite et main gauche.

En haut du toit, en haut des marches de chaque étage, la beauté et la force tintent, guerriers, guerriers perdus, bergers trayeurs, trayeurs de fureur et de sortilèges, vous êtes tordus et enlacés, sur cette terre, dans cet air, dans le rapide et dans le calme, les hommes des deux mains frottent le pied dans la poussière.

Rien sur le devant et tout à l’abandon, tu chantes et tu cherches et tu te tiens au rebord de ton balcon,  tu converses avec les étoiles et en nuages tu étends au ciel, au ciel la main toujours plus haut, toujours en avance, toujours sur la vie et sur le dos, dans la main cinq chevaux de troupeaux perdus au ciel.

Au ciel tout est parti, tout y revient, les vieillards chantent la longue, longue plainte encore, en toi, en ton nom, sur ta bouche, sur le flanc, ils sont perdus et ils imaginent et ils se donnent un air et puis un autre, ils comprennent, ils s’enchantent, ils prophétisent et recommencent.

Puis en haut, puis en bas, de l’esprit souffle dans l’histoire, ce qui compte bien plus encore. Serviteurs de l’esprit envolé, perdu, ils se contentent et ils s’enchantent et comptent, comptent bien des saisons, du temps perdu et des paroles sans histoire, tout au début, tout à la fin, ils parlent, parlent.

Laissez venir, laissez venir les petits enfants, laissez compter les pierres du chemin, les étoiles au ciel et chaque doigt de chaque main, à droite à gauche, guerriers perdus, bergers trayeurs et lait et sang mêlés dans l’ombre, dans la nuit, sans le jour, dans le temps sans carnage, les petits enfants pleurent, un genou droit, un genou gauche, perdus au ciel, perdus là bas.

Les vieux y songent et interprètent, tout est trop ardu, trop sensible, il est plus fort le temps, il se perdent en esprit et accrochent enfin l’histoire, et un plus un et tout pour tout, rien sur le devant et tout à l’abandon, tu chantes et tu cherches et tu te tiens au rebord de ton balcon, la cloche tinte, l’esprit souffle et dans l’histoire ce qui compte dans le soir et dans le matin, tinte, tinte doucement et monotone dans l’air, tinte.

Il se fera, il se dira, dit-il, il est en haut au plus haut et tout y forme sa régularité, sa pulsation sincère, il dit et redit rien et rien encore mais doucement il lance, les serviteurs et l’esprit envolé perdu, ils se contentent. Ils commencent ici leur éternité.  

17 Avril 2013.

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