mercredi 5 juin 2019

Hiver sans manches. 2


En fermant les yeux, à la lune et aux étoiles, en se fermant sur les oiseaux au ciel, ils volent, en voilant le clair et le destin, les visages vieux s’imposent, ils tournent sous les cils, ils rompent le silence, les images crient silencieusement, il se tourne et le visage si vieux du plus jeune, du plus proche et du si lointain. On pense à l’absent, aux yeux, au front, au corps, la peau est tiède et les yeux y brillent, brillent.

Un instant soutenu, il s’envole, il reprend le cours, les temps interrompus, les rives obscures et le silence, au loin le port sans raison, les ruines sans attaches, les temps passés en absence, en absence et au retour et le drame et le deuil et les enfants menés au bord de la route et les oiseaux plongeant dans l’eau noire, et au loin, la fatigue interrompit les pleurs et les sourires et les trahisons seules, la vie a poursuivi.

Les rides, une à une, le mensonge s’y perdant, la bouche se flétrit, on est tordu d’avance, on pense à l’absent et son absence même, il est fuyant et souple et retenu au loin, le cœur en est rempli, le vide est son présent, il murmure, il rappelle, les ombres oubliées, les châteaux, les bannières, il flotte au vent lointain, il court dans l’escalier, il monte et rencontre un cœur et un qui bat si plein, si plein, une figure neuve.

Il a trouvé la trace, et déjà si ancienne, il a repris la route, le pied tordu au-delà du berceau, pour voir sous le voile, le cœur aimant, si plein, si plein. La bouche est tordue de rires et de larmes, il ferme, les parfums et le vent, et le vent trop présent, et les nuages y passent, au vol, au ciel quatre oiseaux sont posés, il ferme les yeux, il ouvre le cœur, il est en plénitude et rendu au lointain du temps et de l’espace.

Des brosses aux habits, en tombe la poussière et fil à fil, le costume est lustré. Du rire coupé court, il reste sur ses yeux un rien, une petite, petite amertume, la vie est passée vite, la douleur est intacte et elle brille, ténèbre illuminée, elle remplit la vie, elle est sortie sans ombre, un amour éternel et sans nécessité, un contrat résilié, une libération, il ferme au sommet du monde les yeux et croise, croise les mains.

Le mal en est parti, il reste sur la poitrine une ardeur si calme, si calme, le temps est résolu, la vie poursuit la route et tout, à tout fait suite, et tout, à tout s’accroche, ils sont liés, ils sont tenus, ils partiront ensemble et eux et deux et trois et quatre et tous, tous sur la rive, sur le bord du ciel, il est gris, mais si clair, si calme et si profond, l’air et le ciel se mêlent, il défait son malheur, il se rend à sa liberté, une main croisée.

.
Il se rend à sa liberté, il est absout, il a pardonné et il admire sa force et sa faiblesse.

22 Décembre 2010.


Retour d'hiver sans manches.

Oiseaux
et pomme d’or
le ciel s’ouvre
le cœur défunt
se noue

et se dénoue
enfin

05 juin 2019 à 09:08
 
Maria Dolores Cano, ici et .

1 commentaire:

  1. Oiseaux
    et pomme d’or
    le ciel s’ouvre
    le cœur défunt
    se noue

    et se dénoue
    enfin


    ici

    RépondreSupprimer