mardi 20 mars 2018

Ils I.



Les athlètes se penchent et donnent à baiser une goutte de sueur sur leurs fronts immobiles, ils passent d’un œil à l’autre. Ils se donnent et se racontent ces hommes fortunés, ils attirent le regard et forcent sur l’espoir. Leurs yeux sont éblouis par les yeux de leurs semblables, qu’ils auscultent au fond du cœur. La force et l’ambition tirent sous leurs peaux.

La reconnaissance fait trembler leurs lèvres sous l’effort, leurs voix sonnent sous l’eau qui tombe. Ils sont plein de tendresse et plein de volupté ces enfants aux forces de légende, ils pleurent dans l’ombre quand la fatigue est au dessus de leur volonté. L’innocence et les compliments les flattent et leur offre la joie, ils fixent et palpent la beauté et les mérites.

La vie se faufile dans les plis du drap, fait luire leur corps de propreté et de partage, d’éclat de rires et de concentration. Les flèches sur leur dos ricochent, se brisent au sol sous leurs pieds nus. Entre la chair délicate qui gonfle leurs narines et le cil qui s’abat sur le vol d’un oiseau, ils cachent des trésors de désirs et d’angoisse. Les mains surfilent la toile à leurs épaules.

Ils viennent chargés du poids de l’effort, la force a vu le vent sous l’oiseau et déchiré la peur, les doigts sont écaillés et la main refroidit sur le fer. Le métal et le filin, la poutre et la bagarre, ils racontent sans cesse un exploit à venir, une réussite, une conquête, un triomphe de plus à cocher sur le mur. Les épaules remuent vers les étoiles, la poudre blanche vole à l’infini.

Le genou s’accomplit et se tord sous les câbles, la machine renvoie un élan vers la nuit ou se prolonge un rêve d’hommes, voir grandir au monde leurs présences.

26 Juillet 2005.

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