jeudi 22 mars 2018

Les oiseaux sont à même de chanter la chanson. (Ils III)

Le vent découvre le torse caché par le drap qui sèche les épaules, ils se tiennent debout dans la pièce et traînent le corps. La chair tremble au passage de l’autre qui se frotte à l’image du plaisir et de la candeur. Se voyant, ils gonflent pour l’aventure. L’échancrure attire un regard vagabond et frise sous le doigt. La peau s’aventure dans le jour et tangue dans la paume. Le plus développé, attiré par la taille se déplace et frôle, la ceinture est souple, son poids se concentre au creux de la main et frotte. Il détache une perle. Ils se reprennent. Le courant d’air essuie la sueur et frotte l’imagination, le signal est donné, la fin se justifiera dans le creux de l’oreille, dans le coin du nombril et entre les orteils. Le jour a des odeurs qui sonnent le sacrifice et éloignent la certitude. Tant pis, tout peut arriver.

Le propre et le figuré se lessivent dans les yeux et le cœur de ceux qui s’aiment, comme une fortune, un pardon, une aventure, un écueil, une déchirure. Le signal du piétinement use la solidité des deux. Ils s’épouvantent pour le plaisir et fondent une incertitude. Un monde en partance et une histoire de fin pour rompre les usages et se perdre en déraison. Le poids de l’autre sur le menton, une mouche agite la broussaille. Ils se frottent dans l’air chaud, la pulsation lente arrache un soupir au mélancolique, les bonds défont la régularité. Il ne faut pas finir, le dialogue a commencé depuis toujours et ne cesse qu’en jaillissement, il faut attendre, la vie se passe à attendre et ne pas conclure, il faut attendre et ralentir, que le jour triple de volume et se moque de l’éternité.

Ils se cherchent et reculent. L’un pénètre et l’autre attend un plus grand sacrifice, un plus grand abandon dans le partage, la joie explose en notes bleues, la fidélité paye son prix de jouissance, le grand passage affecte les frissons. Ils se tenaillent l’un l’autre et au bout du doigt le cœur palpite des émotions de sagesse et sérénité. Ils se coulent dans l’autre et glissent sans repos, l’arrivée est un drame, la mort des amants se paye, ils auront des lits pleins d’odeurs légères, l’arrivée est un drame et décrète la mort. Les amants disjoints plongent dans la cascade et raclent, les souvenirs de l’assaut et le grain de duel sur la peau. Ils attendent et se prennent de passion et de plaintes, les frissons se joignent aux envies et lavent dans le cœur la coulure des eaux. Les peurs se conjuguent aux certitudes.

Ils ont oublié la douleur, elle tord et plie au pied les éblouissements. Le pari se gagne de trouver toujours le désir de renaître à chaque étreinte, la vertu récompensée par une étincelle broie les muscles et lisse le visage.

Ils iront très loin et très longtemps ces deux amants qui s’aiment.

27 Juillet 2005.

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