Alors il se penche sur le cristal et lit une histoire. Le temps a passé et les yeux sont lourds sur cette dérive. Au fil de l'eau le pied se choque sur les galets, le jeune homme est au petit matin sur la rive et il se dépouille du maillot rouge à sa taille, le cœur bat vers une explosion. Le ciel est encore gris et tournent en rond les derniers rêves de la nuit. La fuite et le souci chantent dans le regard, des ombres se glissent dans l'effort, la prudence et le recueillement. Le désir sans paroles, s'incline avec déférence vers la difficulté. L'événement bouscule les images qui s'étalent vers le coin où restent l'emportement et le silence. La vie coule, elle chante le poids des cailloux qui percent la plante des pieds. Ils sont nus sur le rivage et se gardent, dans un effort, du sentiment qui soulèverait ce qui reste de montagne à escalader. Ils se dévisagent et figurent une éternité de partage. Les yeux par défi se déposent dans le panier qui garde les vêtements, le maillot rouge est sur le fond. La figure se démonte et le poil noir boucle, les différences et la honte débranchent et filent au long de la rive, le songe se disperse dans la brume au reste de la nuit et se défait dans leur abri, l'effroi et le frisson qui montent, fleurissent sous le reflet noir et rouge qui déborde dans la lumière. Les images se creusent, la piété les cerne d'envolées, elles déposent une écume d'amour et de tendresse dans le flou qui isole et maintient cette première scène, les apôtres se donnent l'un à l'autre et communient dans la même vision et pour le même objet. L'écho se blottit dans le sac de mémoire qui élabore la suite de cette rencontre. Moins il est venu et plus il se souviendra de ce matin, les pieds dans l'eau et le visage dans le premier soleil, le reste nu sur la rive où la fraîcheur durcit ce qui peut l'être, les doigts se perdent dans la touffe noire et brillante, mesurée dans le souvenir de ce qui reste, l'âge grandit les futilités, compte le début de ce qui est franchi, les ombres sont plus chères que la vérité, dans l'obscurité de la mémoire, l'image a plus de poids que le muscle lourd, ce qui pèse c'est l'ombre sur la place. Ce coin d'azur dans le fond des yeux est une invention qui déborde le souvenir, la vérité chauffe les fondations du jeu figuré dans les décors de froid et de fruit. Dévoré dans le temps passé, le souvenir tourne autour de la fraîcheur et du partage. L'espoir et l'énergie en dépendent, cette touffe noire est une grille, un piège, une herse, les doigts accrochent leur râteau et la boucle se défait sur la hampe. La rosée goutte dans le matin et le partage est en attente, ils n'y sont plus venus, le silence entoure ce moment, le matin perd la vie dans le rêve. La tentation de l'éternel est un fruit mur imposé quand le temps est définitivement passé. Ils n'en sont pas revenus de ce puits de délice et leur amour est un instant définitif.
16 Avril 2005.
16 Avril 2005.
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