Sans savoir et sans scrupules, avancent dans le champ, ruines et laiterons. Le village et les maisons sont vides. Il n'y a pas de recours, le travail est fini, il tourne à vide ce paysage défini par la vie avant la mort. Les éperons de vent incrustent le flanc, les bêtes se cabrent et le lilas se tait, il n'a plus rien à dire. La servitude au vent balance les hommes sans espoir et trop furieux. Finissent les regrets, ils fondent sans énergie, dans la tristesse. La mort en ce parage est présente à chaque instant, nul ne la refuse, son tourment tranquille et triste est stupéfiant. Le village raconte la mort et les enfants qui jouent entre les ruines sont les guerriers qui égorgeront tout sur ce coin du monde. Il patauge et ne se défend pas celui qui contemple les erreurs et les fausses routes. La vérité croule dans l'injustice et le fracas, les armes sont les yeux. L'horreur colle au cordeau qui mesure chaque pas et figure en carré le nombre en or et argent. La vie compose elle éternue sur la barbe du pire des croyants. La figure simple des ombres coule dans les regards qui visent la fêlure et chauffent au couchant. Le retour se fait par l'orient à la rencontre, les herbes à chevaux croissent dans le bas du chemin.
Le vent souffle et casse l'ordre du monde, les plus fragiles y sont liés de câbles et de ferrures. Le paysage défile sur la pente et le pont abrite des hommes qui refusent les soins. La survie est au prix du plomb et du mercure, l'iode illumine la nuit et fragmente la faiblesse dans la pureté silencieuse. Les efforts disloquent et fondent, du sang colle à la façade, la fin est claire et sans imposture. L'effet du temps distingue le sacrifice et le martyre. L'immolation du plus juste et du plus simple des enfants, figure sur la liste des devoirs. On le consume dans l'oubli et l'ennui. Les discours et les fariboles se piquent d'étoiles et de remords, les chiens crient aux mollets, les jeunes tombent du nid et du vélo qui court sous la clochette. Ils se repentent et connaissent leur faute, les vieux qui suscitent tant d'enthousiasme et de chagrin. La définition de l'absurde et de l'avenir heurte tous les cailloux de la route, ils volent dans la cour et choquent sans savoir le dernier des petits, il invente le scrupule ce petit caillou dans la chaussure, il freine la marche et renoue avec la raison. Le dire, le faire et la volonté dans tout cela, dans ce tas qui compose le fatras de la vie. Les incertitudes du regard se noient dans l'éternité, le fracas des armes entrechoquées sonne dans la mémoire, avec l'infortune. La morsure du vent fixe la tête dans un espoir de calme et de fin du temps pour délasser et s'étendre dans l'avenir et dans le doute prolongé sans fortune et sans force. Le temps froisse le verre et les carreaux, les oliviers se fendent et les verrues aux doigts éclatent sur le tas des ombres qui enlacent dans le froid invaincu les désirs et la sarabande de ceux qui aiment.
11 Avril 2005.
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