Pour aller entendre les abeilles filer dans le soir, les feuilles plongent dans une mare de chanson. Les anciens chantent, dans leur langue, le long venu et abattu dans la forêt du charme et des avances, nom noir et tendre abandon. La foule course l’habitude et refait d’une saison une aventure et un avenir sans souci. Les enfants tendent dans la vase des filets pour les grenouilles, les chiffons rouges se couvrent, les cuisses frémissent, nerf électrique et muscle retendu. Leur effort se donne en spectacle, les puissants sont à genou, les plus grands, les plus beaux se courbent, sur leur couche des noirauds dorment sur le jour. La lueur coule sur sa bouche et finit le contour long et lent de paresse et de sueur, il coule sur la joue et rougit les épaules. Le plomb débouche sur la hampe, les effets sont évacués, les remords brûlent la jambe blanche trop cambrée. Le frottement reprend et dure, les feuilles se touchent d’en haut et luisent sous les dents blanches au sourire de pharaon qu’on respecte et adore. Les abeilles de l’orage viennent réveiller et fendre la peau et l’armure de celui qui frotte le plus fort. L’hiver finit ainsi dans l’ombre et le chaud du coin où fleurissent les décombres et grandit la boue. La force venue du fond de l’âge s’élance vers les yeux de qui regarde et contemple avec respect et beaucoup d’adoration. Les sanglots longs qui remuent se figent dans la gorge nue et affolée de tant d’extase, de feulements et de frissons. Le fil du rasoir va longer et taillader dans le cou, le plus pressé, le plus habile, le plus fermé et le plus fou. Les secousses se répercutent dans les épaules et dans la voix qui fléchit et se dérobe, il faut tousser dans un mouchoir, dans la main et pas en face dans les cheveux ras et le poil absent, ici fut la forêt d’un être qui percute et se donne dans l’avenir. Un air doux de tendre fuite, de blanc fanal et de fumée pour dire : ici on calcine de l’ivoire pour poudrer les dents des carnassiers. L’épaule froide sur la paroi se donne aussi un air jaloux, une pensée de fauve avide frétille sous les doigts serrés, la griffe défigure, la face se tord et donne en représentation une comédie plus pâle et plus banale que le retour de la vie qui se répand entre les doigts et sur la joue. Ce petit combat s’achèvera sûrement bientôt, bien vite, les lutteurs se fatiguent et les vannes sont ouvertes, les échanges donnent une raison à la suite des rencontres, les erreurs se racontent et les échecs vissent les pores qui se détendent et coulent d’une buée à faire frémir les plus grandes des caresses qui dévident dans l’air du soir, un glaçon rafraîchit les paumes et les arcades, les tempes, et les coudes de ceux qui luttent sans savoir quoi, sans savoir qui et sans plus d’avenir que le bout de la pente, le bout du toit et les fins sourcils qui coulent sous les draps. La vie se renouvelle et les champions décident dans la laine, sur le tissu des passions, d’une bagarre de sanglots. Le respect déride et finit dans le panier, le contact a suffit et les épaules se séparent, les derniers feux dégagent la voix et la poitrine, les choses vues et nouées sur l’esplanade qui déroule tous les fils. Les dorures et les mouchoirs fondent entre les dents de ceux qui se sont aimés dans la pénombre et sur la toile d’une histoire à dévider, les doigts gantés se libèrent et d’un coup léger meurt le frisson qui a pillé les âmes et les reins des hommes qui se cherchent.
12 Mars 2005.
12 Mars 2005.
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