mercredi 26 juillet 2017

Ô, pauvres morts. IV.



Si le cœur ne bat.

A copier le temps et rouler sans réponse, sur le sentier tracé déposer la cendre de tes pieds, tu as marché longtemps et croisé le regard de tous les pauvres, et maudit le moins et le pire encore, et tu retiens, sans joie, et tu arraches encore une âme après l’autre, et maintenant tu oses ne plus rien savoir, il est une certitude, il est une autre chose, les pauvres, les petits sont trop pauvres et trop petits et rien ne change et rien ne peut avancer, sur le chemin tu croises, et tu déposes des injures, cœurs éblouis, et tu sèmes une déraison de fleurs abominables et tu lances au ciel un pays pour un cri, vue longue, cœurs étouffés, tu vas et tu deviens et tu cherches et tu te noierais presque et tu finirais : à l’ombre, au brouillard, au néant, la vue sans soutien, cœurs cassés, une valise de déboires, et tu comptes toujours et tu espères encore et tu tires tout du néant, à sauver les mendiants, à finir les cadavres, à empiler les os et arracher les nerfs, nuits épouvantées et raison faillie, tu retournes le sol et sort un à un les os et les tendons, tout entre les dents et tout sur le chemin, pauvres, pauvres, et morts désarçonnés, tout à la renverse, une histoire de peur et de liberté, la foudre en ce pays et le tonnerre, il faut se sauver et tourner les meules une à une, tout avance, tout va et les plus jeunes sont aussi et pauvres et stupides, sur le devant, dans la saison,

ô pluies, ô trombes, ô mystères,

je te retiens, je te retourne et je me noierai presque dans la peur et le sang, le carnage, la déroute et tout au tout retourné, et perdu, les yeux et les cheveux et tout au col tenu, la main fermée et les doigts noirs, ongles rongés et cœurs dans la fournaise, je retourne et je vois et j’attends et j’espère une idée, un chemin, le vent est pour bientôt, tu rediras sans fin l’histoire de l’escalier, du bois poli, des animaux, le fer et le chemin, le souffle et la peine au grand soleil chargé d’amour, chargé et décomposé, tu périras aussi, tu pousseras le souffle le premier, le dernier, les idées et tout encore, la conscience sûre, en aveux égaré et le souffle coupé, tout te retient et tout t’affirme, le bruit et la fureur et les paroles idiotes, sur le devant, sur le côté, tu tireras joyeusement la corde des pendus, tu souffleras au ciel des réponses et si tout est faux et si le cœur ne bat, tu rediras toujours et chercheras l’histoire : une goutte d’eau est en suspension depuis toujours, le verre coule et depuis toujours souffle un vent de sèche éternité.

24 Juillet 2015.

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