vendredi 21 juillet 2017

Ô pauvres morts.



I.

Comme on dirait.

Alors là, bon, comme on dirait pour un petit enfant, dors, dors, le sommeil va venir, il faut sur ce devant de porte sentir encore, le poids, toujours le poids, de la porte qui s’ouvre et de la chaleur qui rentre, alors dors, dors, le sommeil va venir, tu reposes et tu tiens tout encore dans ta main, les arbres, les chemins, les herbes mauvaises et le poids des jours, un poids, des poids, la porte est ouverte et devant tout pèse et se rassemble, les images et les voix, tout tourne et se rassemble, 

enroulez, enroulez les cordes, déposez, finissez, sentez le poids, tout pèse et s’assemble, sur le devant, en haut, dans le couloir, la fraîcheur et l’ombre, tout est lourd au banc de pierres éclatées, tout finit ici, une chose est partie, tu reposes et tu attends, encore, doigts effrayés de douleur, et lourdement, voilà, ma foi, une fois et c’est tout, alors ensemble disons :

les feuilles volent, tout attends, dans l’escalier à chaque marche, les pas se sont posés, la main est lourde, le pied est lent, sur les pierres éclatées poussent tant d’herbes mauvaises, tout arracher, tout disperser, on pense encore dans l’ombre, les animaux se dispersent, encore, une fois et une fois, pour toujours, les chiens, les vaches, les chevaux, les lapins, les tortues, les poules sous le cerisier, et l’ennui des heures chaudes, de l’ail pour nettoyer les ampoules, tout éclate, en rires et en fantaisies, une aventure, je chante sur tous les chemins et on dirait : 

tu chantes Manon, les filtres pour le lait, belles de nuit et prunes rouges, tout ici va finir, et tout le reste, reste, une mémoire de pierre à déposer, pour suivre encore et tout reprendre, il fait trop chaud, il fait trop lourd, ils sont bientôt couchés, tout se donne, tout est à prendre, la vie, les rires, les fantaisies, un doigt est posé sur le rampe, le bois est poli, la fraîcheur glace, glace, le temps, les rires, les cerises, tout revient et tout se concentre, envolez-vous, fleurissez, le merle à plume blanche, le buis de cent ans et la fleur étrange, rouge de chair sous le rocher, sur le chemin, au bord de l’eau, ils ont suivi, les hommes, les pommiers, les regards, le soleil clair glace, l’ombre glace si on boit frais,

tout est silencieux, les murs vivent une dernière heure, sitôt rompus, sitôt rentrés, les fagots d’osiers et les fagots d’enfants sages, tous à dormir dans le réduit, tous à pleurer et tous maintenant grandis, sur le devant, dans l’ombre et la poussière, on est rendu, au dernier mot, alors là, bon, comme on dirait pour un petit enfant dors, dors, le sommeil va venir.
                                                                                    
21 Juillet 2015.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire