mardi 19 juin 2018

Au poids.

Il revient et porte sur le dos le poids de l’air. Le souffle serein, la jambe sur les graviers, ils mordent la chair pesante de nuages. Les gros insectes attaquent et déroutent le marcheur du silence. Le poids des astres dans le ciel blanc enfonce dans la tête un rayon d’espoir et des jets d’aiguilles, les arbres suintent, les fourmis mordent dans le dos. La fraîcheur répand l’air sur le visage, la lourdeur du sommeil entrave les rêves et les actions, il faut revenir et remplir sans attendre le sac des voluptés et les branches d’oiseaux. La solitude est un trésor.

La nuit marque la voix, elle flotte sous l’eau et se charge de grains, les âges passent et tombent sur le vide. Le courage est là, l’intrépidité attend derrière la porte, les guêpes sont dans la table, la plus grosse effraye le marcheur dans le silence. Soir ou matin, les astres se confondent et dressent dans son regard un tréteau pour les heures. L’addition du jour et de la nuit, au matin est un peu sombre, la chaleur presque fraîche et le courage est en attente. Il revient de tout et de nulle part, il partage entre ses doigts le romarin et la sauge. Il revient établir sa clôture.

Un pas, puis un autre, le tour commence à l’infini et marque son champ de sillons. Les images et le doute volent, les arbres jettent sur les palmes des aiguilles de mort et d’espérance. La nuit est achevée, le réveil est en route, il revient et sort la tête du sac des compositions, les herbes sont tendres, les fleurs se ferment, le soleil est absent, les rumeurs confuses, la pâleur du matin freine, les bras tombent et le courage attend un ordre supérieur, une nécessité véritable pour activer la chaîne des causes, pour tendre le fil de soie. Il va lier une branche à une autre branche.

Il en revient des oiseaux et des insectes, ravageurs et voraces, il tire ses épaules, le nœud est trop serré, les bras se brisent et les pieds sont lourds, il n’y a rien de plus, le travail attend avec le courage, les impressions heurtent le carreau, les cailloux blessent leur poids de chair, il faut penser à la place de chaque pied sous le corps qui apparaît, la peur est en voyage, le sourire est en arrière, les oiseaux chantent sur leurs branches, entre le chaud et le froid. Ils reviennent et portent sur le dos le poids de l’air. La fraîcheur souffle sur son visage. Il établit sa clôture.

08 Juillet 2006.

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