vendredi 22 juin 2018

Il a neigé un jour.

Et peut être avance-t-il à travers les champs. Le tailleur a besoin de surveillance. Il y a un avant et un après, un champ est couvert de blocs. Le tailleur a besoin de surveillance, la nuit les taureaux pleurent et soufflent sur les boîtes pour les lettres. Et pour revoir la route sous les arbres et suivre les illusions dorées, les pâmoisons sur neige et les habits froissés, a-t-il vraiment peur du noir et de l’absence est-il toujours plus haut que la raison et plus suivi du nord et couvert de voiles et de silence et répandu au sol, poids de chair et d’amertume.

Il est à surveiller et à rendre entre les sillons les blés fauchés et les rouleaux sur le côté, la fenaison fut calme et le blond dans le soir étire son drapeau. La route est noire et chaude et de la neige pourtant y fondit un beau jour. Un souffle de sueur, une raison s’envole et la branche est tordue et les troncs éclatés. La lumière effleure l’ombre entre le cœur ému et les yeux embrouillés et tendus de soleil et pétris de rancune contre le sort et la réalité. Les arbres ploient et tombent de fruits murs et les herbes trop vertes sont inutiles aux troupeaux.

Ils ne passent plus sur ces champs sans espoirs, la terre va mourir sous les combats d’empires en sommeil et en cordes de feu. Les champs bien jaunes succombent avant l’orage, avant l’éclat du ciel bleu, avant les nuages blancs, il faut encore faire une offrande et donner aux tailleurs une obole pour voir et commenter sans risques, le travail à venir, à rendre et à tenir, la surveillance est posée sur les plus hautes branches et chasse les pierres et les bruits. Il est à disposer ce bloc de pierre noir et lourd sur les épaules et crevant pour le cœur.

Le poids est bien terrible et bien aussi la chance, le hasard en visite y comble les errants. Un vol de bloc jeté sur les épaules le tailleur en espérance finit sa volupté et dompte comme il peut ses doigts autour du manche, l’outil est effrayant qui blesse et fait pleurer. Les arbres sont gonflés de trop de sève et l’écorce éclate et suinte autour du pied, la rêverie et la patience posent sur ces ravages un pied de longue agonie, il faut tailler et retailler et greffer et déformer la forme et réformer la vie, la nature est en chasse et les oiseaux ont peur d’être tenus.

Il a neigé un jour et un jour les pierres ont fondu, le seuil est foulé par trop de pieds tordus. L’éclat du ciel est bleu et chaude la menace, les bois seront coupés et brisés les cailloux. Un champ de pierres, immense, garde son berger, il veille sur les fleurs et sur la paille sèche, sur les abandonnés et le refus de vivre. La dépendance aux rayons du soleil et la sueur menacent, les échaudés vont fuir et rendre dent pour dent, la faux a pénétré et brisé sur les pierres son fil glissant vers toute éternité. Le passage est ouvert la vie coule, l’herbe est verte.

Et rien ne vient au bout des doigts tordus, la fenaison est faite, la récolte est rentrée, les oiseaux vont à l’aise dans les grains oubliés, le tailleur interroge et le chaud et le froid et invente la neige des fleurs poussées, perdues dans le vent. Vraiment, les blocs jetés par des géants gênent les yeux et tordent le pied, le marcheur est fourbu, le tailleur est amer, les questions sont pendantes et le détail est vide. Du bleu tombe du ciel et chauffe à blanc la paille, couleur paille et les oiseaux y volent des grains oubliés. Et il avance peut être à travers champs.

12 Juillet 2006.

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