vendredi 29 juin 2018

Les larmes au ciel partent.

La saison va finir, le vent claque le calme et souffle sur la tête. Au retour du ciel bleu, le corps est assuré et danse dans le temps. Les illusions endorment les enfants, ils commentent une aventure, une escalade vers la joie. Les oiseaux tombent dans le lac, frissonnent et mangent du vide, des abeilles, des soupirs, du jade, sous la table, dans le creux du jour, dans le creux de la main, dans la planche tombée. Ils sont une vérité courbe. L’horizon fuit au loin, les oiseaux arrachent à la vie des sanglots longs et parfaits qu’ils chantent, endormant le silence, dans le seul présent. L’avenir est une marche et déplace le temps et les distances. Il faut récolter, et éviter la peur, le froid viendra dans l’île en face des montagnes, sous le pas des agneaux qui paissent et remâchent en rêvant d’un œil tendre aux gelées de l’hiver, aux neiges éternelles.

Les larmes au ciel partent et commencent un pèlerinage, les sources sont lointaines et les chasseurs abondent. Ils se confient aux mousses des fontaines et respirent avec peine. La montée est terrible, le silence noie les effrontés qui parlent de l’audace, qui parlent du retour, qui parlent et enlacent un bâton de raison, ce sceptre est lourd et dirige la cadence, les monts sont assombris de toutes ces folies, les grimpeurs, grimpent aux arbres, aux rochers : Eurydice n’est plus, tous le savent et y pensent. Au détour du chemin on voit l’enfer se fendre et décomposer l’ordre du soleil. Les rêveurs, les marcheurs, les dormeurs et les attardés voient fuir dans l’air un voile de dentelle, elle est partie et reste son seul nom. Les animaux pleurent, dans les vallons les cornes s’entrechoquent et raclent de la pierre et jouent aux étincelles. La vie est toujours dure. Si la bergère est loin qu’autre chose la change, qu’autre chose la soit et finisse l’ouvrage, ils sont encore à soigner les agneaux du troupeau. Eurydice n’est plus et je respire encore, où sont les vagabonds qui nettoient l’herbe et dépouillent les rochers. Une princesse est partie sur la rive et chante dans le vent et court sur les rocher et remonte les arbres du fond des ruisseaux et couvre d’un regard le petit jardin clos. Ils se remettent avec peine du soir et du secret qui file entre leurs doigts et tournent en tremblant et foncent dans le tas et brûlent d’une ardeur de fer et de malaise. Les enfants sont assis et donnent sur la pierre des coups et cisaillent le vent, ils vont construire encore un temple pour leurs dieux, une auberge pour les voyageurs fourbus pesant un poids de ciel et de chaleur. Le bleu n’est plus léger, l’azur est en guerre, les anges vont tomber et couler dans le noir et les dormeurs s’endorment. Le plein du jour est là et les esprits s’animent, la conclusion est proche et prochain le réveil.

19 Juillet 2006

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