dimanche 3 février 2019

Et ici tout les mène.

Vous leur direz, à tous ces gens, ne comptez rien, soyez à l’aise, enivrez vous de sable fin, coupez dans l’ombre et prenez tout, il reste sur ce coin une terre, en réparation et sans fin, une vertu, une cadence. Ils sont à poser sur le dos, à coucher loin du doute immense, il faut les recouper et tendre aux murs leurs âmes grandes, ils sont dépouilles de tigres et bois de cerf et ils frémissent dans l’orage, ils chantent et posent des couleurs au sol, aux murs, à l’habitude, ne croyez rien, tenez beaucoup, lustrez le pavé, l’ancre, taillez bien vos cheveux et tournez vous vers le soleil.

La nuit viendra sur vos fortunes, le temps sera d’un air plus fort, aux images perdues, vous serez pluie et vent et tourments pour les plus sauvages, venez tous, venez, venez et chauffez vos pieds aux arcades. Ils sont à trahir, ils sont à blesser, ils volent loin et ils emballent, le temps serein, le temps jaloux, la brise bleue, le soleil rouge, pâles et émaciés, ils gobent les œufs et ils écrasent les coquilles d’un pied serré, ils sont rageurs et ils expriment du linge mouillé, la sueur du carnage même. Vous leur direz, ne reculez pas d’un pas, d’une main, vous êtes forts, forts.

Nous vaincrons la lente, lente décomposition des lois, des rythmes, des merveilles, vous êtes fourbus, vous êtes assoiffés, vous êtes en cage, vous êtes luisants de saleté, de rien à dire, de rien à faire. Accourez tous, venez, venez, chauffez vos mains à ce massacre, fermez les yeux des touts petits, des inconfortables aux mille grades, vous êtes perdus, et vous marchez encore, vous avancez sur la grande route, vous êtes accrochés aux cailloux, vous serrez fort le bâton, la tige de la bourrache, vous vous égratignez aux herbes noires, vous vous arrachez la peau.

Et vous recommencez pas à pas, pas à pas le voyage. Vous êtes perdus, aveugles et sourds, bien souvent fous et sans armures, vous parlez faux, et jouez en l’air le dernier sou, une médaille pendue au cou, le regard vide, la bouche calme, vous êtes perdus, aveugles et fous, ne croyez plus, ne croyez plus. Vous êtes leur dernier secours, perdus aussi et sans attaches, forts et braves et résolus et chatoyants dans le ciel même. En réparation, en remontrance, d’argent et d’or, ils vous donneront à leurs semblables, ils méritent plus d’un trésor, plus d’un baptême, une bague.

Ils se coucheront à terre et tireront du ciel lui même, la déraison, le calme, en réparation, en remontrance. Le trop plein, de fruits et de fleurs, cette manne tombe, elle tombera, ils seront pris et reviendront, dites leur bien, dites leur bien, qu’ici sur cette terre, en réparation tout les mène. Ils sont perdus, aveugles et fous, et sourds à la menace même, à la colère, à l’abandon. Au ciel pendus, ils s’abandonnent, résistez, résistez, il faut finir à cette leçon, le temps est beau, le temps est clair, ne croyez rien, ne croyez rien. Vous leur direz bien tout cela et plus encore.

Une chanson du temps des oubliés, une chanson perdue, perdue, sans fin, sur la grande route.

03 Août 2009

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