jeudi 14 février 2019

Fuyez toutes les entraves.

Il faut cracher, voir et entendre et se tourner sur soi et sur les autres, finir et recommencer, à chaque jour un nouveau temps, une nouvelle éternité, une chose insensée, sans repères, sans ressources, du rien toujours nouveau, un langage apeuré, une stupeur sans défaillance, il se retourne et un moment, pour ne plus dire, pour enfoncer un autre clou, pour affranchir et connaître enfin la liberté, il faut que cela vole, il faut que cela enchante, il faut naître et recommencer et ne plus penser à mourir et ne plus penser, ni rien, ni dire, ni faire, il faut voler et être sur le chemin, sur la rive, dans l’air, dans l’eau, dans le charme, et la reconnaissance.

Il faut franchir les ponts, franchir les murs, s’enfoncer dans la bataille, il faut, il faut et on sait bien qu’il faut, et il faut ne faut pas, et il faut est surtout insupportable, il faut, il faut et faire, et dire, et voler bien au dessus des nuages et des oiseaux, des branches, et des bateaux, le calme est plat, la mer est sûre, le vent est sans chagrin, les oiseaux tournent en bas, ils se repensent, ils sont entendus, ils avancent et eux, ils sont ici, les mains nues et tendues vers, vers, vers le gouffre immense, la grande plaie, la longue plainte, il faut et il fait avec du toujours ancien, de la chaleur et des élans, il se tend ou s’envole, il tire sur la ligne de vie, sur le repos,

sur le néant, il va finir entre les gouttes, il va passer sous le fardeau, il faut d’un grand effort soulever la barque et la charge, il faut, ce faut est vraiment terrible, il s’enchante lui-même et part dans sa déraison, il se cherche, il s’enfuit, il tourne sur le côté, il parle, il a peur, il hoquette, il s’enfuit, la terre tourne, le soleil luit, la chaleur est immense, il se déporte vers le loin, il se retourne et eux commencent, ils sont si loin encore, il est toujours en retard, il recommence et frappe au sol, et frappe au sol, il dit le bien, le leurre, le mal, le mensonge, il enfonce les mains dans la boue, dans le sable, dans les rumeurs, il a posé les yeux sur chaque marche,

l’escalier est tendu, la rive est incompréhensible, le monde tourne sur lui-même et il tourne à l’envers de tout, dans le charbon et la nuit noire, il reconnaît le chant, le chant aigre et petit, des petits oiseaux en agonie, des abandonnés sur le sable, ils sont présents, ils sont en larmes, il coule sous le malheur fou des heures, des heures sombres, il parle sur le sable des moments éperdus, des oiseaux sortis de leur cage et trop haut envolés, perdus et sans retour, et il tourne sur le vertige, il avance dans l’air, le soir est-il venu, le jour est-il parti, et les heures tournent sur le devant, il sert encore, il est utile et il souffre sans rien savoir, sans rien pouvoir

et il cherche tourne et tourne, le sens en l’air, le sens en bas, il penche sur la peur immense, sur le refrain évanoui, sur le soleil, est-il ici. Il dure et il commence et il compte les erreurs et compte les angoisses et franchit d’un bond la grille, la porte est ouverte, le saut sera fatal. Cachez-vous, cachez-vous et fuyez sous le temps, fuyez toutes les entraves.

21 Août 2009.

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