vendredi 1 février 2019

Ils se dominent.

Ils ne pensent rien encore, ils se perdent, au soleil, et se noient, la nuit. Ils forcent à la main et dépassent la mesure, comptent les étoiles au ciel et les oiseaux. Ils passent, ils accumulent sur le front, sur la peau, les rides et les jours, ils ne pensent plus. Un océan d’étoiles, de cris et de cailloux, le chant, la flûte subtile et incroyable, le crapaud est levé,

tous sont ébahis, il est levé, il chante et il est comme fou sous le regard des autres et il se recommande au vol des libellule, il est encore à dire et à faire, il renoue les alliances et il chérit le cœur avec violence, il est perdu sur le tas, il ensable sa raison, il force le passage des anges, il est devenu fou et sourd, aveugle et sourd, les oiseaux l’ont conduit,

ils remontent du temps, ils forcent par un cri le ciel et ses orages, ils se donnent en haut et ils reprennent vie, le soleil est venu, ils chanteront encore, à la nuit, aux jours, ils comptent les ombres et les étoiles, le noir est envahi, sa saison est revenue, ils courent après les mûres, ils arrachent les baies, boivent au ruisseau perdu, se lissent aux épines.

Aux ailes des roseaux, au cri des animaux, flûte à la nuit le crapaud sec, si gros, perdu dans la poussière, il chante à l’absente, si lointaine et féroce, il est, en y pensant en bruit et en fureur, il est au monde revenu, sauvage et fraternel, frère puissant, terrible, oublié, le solide pleure, d’un regard d’or, d’une larme obscure, la force, la terre oubliée.

Ils forcent le passage, d’une main, ils sont au départ où sont les revenants, ils étaient lucioles et vers luisants, ils sont perdus, ampoules électriques, papillons du soir et araignées désespérées, ils sont perdus au ciel, au nid, aux habitudes. On invente le ciel, on invente l’amour, on croise l’éternel et on dispute encore le corps enseveli, la bouche sûre,

le chemin à finir, la ferveur à apprendre, le faible sous le nid, le plus petit perdu. Ils sont tombés et pleurent et défoncent la nuit, ils sont mêlés et nus dans le jour et la nuit, dans le souvenir, le crapaud chante encore, étonnant, si pur et cristallin, il est fendu, il vit une aventure, il est perdu entre le ciel et l’ombre et il se donne au soir pour chanter.

Ils entendent le souvenir ardent, en haut d’une échelle, sur un pavé, y luisent les jours perdus, ils sont nus et dans l’ombre, dans l’ombre, ils se rappellent du loin, ils se forment en haut, ils sont aveugles et nus et sourds, sans habitudes, sans rien dans le panier, sans rien entre les draps, au-devant de tout, au ciel avec les anges, au loin perdus, fourbus,

sur l’escalier, ils montent et recommencent et forcent le passage, la main est molle, le sable est sec, ils sont perdus et marchent, ils sont à entasser dans le panier du monde : les souvenirs et les chansons, ils boivent en pleurant dans la main, dans le cou, la vendange amère, le froid venu trop tôt, la couleur abandonnée, le supplice du pied tordu.

Ils sont perdus entre les herbes, ils boivent la fraîcheur et crient et chantent pour les anges. L’eau a lustré la vie, le sel est remonté, les parfums brûlent à la nuit, au jour. Ils sont aveugles et nus et sourds, sans habitudes, sans éclats, sans remords, ils ont perdu leurs dents et ils se donnent à boire, ils remontent du temps, ils forcent le passage.

03 Août 2009.

1 commentaire:

  1. Le crapaud se réveille, cligne de l’œil et gonfle ses joues dans l’air frais du jardin. Il se cache sous la feuille, il attend. Il attend dans la fraîcheur sous la feuille de laitue. Il sourit, le crapaud malicieux. Il sait que bientôt, très bientôt il va effleurer la main de celle qui viendra le surprendre. Main blanche et frêle qui se retirera en un petit cri de surprise ou d’horreur, on ne sait. Il est heureux le crapaud car il sait qu’au bout de cette main blanche et frêle un cœur s’emballera.

    C’est une histoire de regard, de regard qui se pose et embellit les choses. Une histoire de soleil, de lumière claire qui se fraye un chemin sur l'envol des oiseaux.


    Sur le chemin des oiseaux, ils remontent le temps jusqu'aux portes du ciel, et dans un grand éclat de rire, ils se roulent et se vautrent dans l'enfance revenue.

    La lumière les aveugle et leur brûle les ailes … mariposa nocturna, su corazón es estrella a la puerta del sol … et le ciel, sucre d’orge dans les yeux de l’enfant.

    Fourbus dans l'escalier, ils n'en finissent pas de recommencer. La menace est pesante et d'aucun répit. Ils se perdent et épient. La menace est pesante, à chaque instant peut surgir le voleur d’enfant.

    C’est un chant d’amour, de regard qui se pose et embellit le monde. Un chant d’ombre et lumière, un chant où l’ombre est caresse suave.

    Les anges sont aux anges et atteignent l'extase à l'écoute de cette voix venue du cœur de l'herbe. "Ombra mai fu di vegetabile cara ed amabile, soave più".


    https://www.youtube.com/watch?v=OdeOyrLHdSg

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