mardi 7 août 2018

Et si la vie passait ainsi ...

Et si la vie passait ainsi, toujours sur les cailloux, dans l’attente de rien, que le temps passe, sans ennui en faisant simplement le temps à l’envers, à l’endroit, sans rien débrancher, ni arbre, ni partage, ni le soleil luisant, ni la nuit de rosée. Si un soupçon de nacre se détache et refroidit la peau, les frissons sous l’eau en étincelle dérangent l’ordre.

La construction est élevée, les diseurs disent et les soupçons s’infiltrent de l’eau vers la peau et le cœur ne suit pas, il est au loin sur une plage blanche dans le sable, il glisse entre les doigts, les frissons éclatent dans l’ordre. Les bâtisseurs se coulent dans l’eau froide des sources, ils recommencent et élèvent un ordre pour en haut, pour partir et choisir et grandir si près de la source, l’eau est froide, le frisson est glacé.

Sur le temps, sur la rive, sur le bord, il passe et repasse et toujours il est là et l’eau n’est plus la même, les frissons étrangement le suivent et sa bouche se tord sur un baiser en l’air, rêvé et impatient, et pourtant il faut attendre et attendre, sur les cailloux à côté de l’herbe sèche, à côté du chemin, le rien et de tout ce qu’il cache, les regrets au fond de l’eau, les retards et le temps qui avance et perd inutilement les doigts, dans la joue et la bouche tordues. Les regards toujours au loin, toujours chavirent et n’espèrent rien que la présence de ce qui est en chemin, de ce qui va venir, de ce qui va revenir, de l’absence toujours.

L’eau est froide, les insectes sont calmes, il faut penser à mourir un jour pour toujours et se rendre au temps. Son calme passe sur le chemin, les enfants dorment, les animaux attendent et ouvriront la trace. Ils sont épris et tournent sur le dos, sur les reins, dans le sens de la montée, de l’effort et rien ne traîne sur les cailloux. Les ondes soupirent et les méchants menacent de la voix et du corps, les gestes précipités, les mains frappent et l’eau et l’air, rien ne commence et tout s’attend, les bâtisseurs ont élevé et les dormeurs dorment et les rêveurs passent et dans l’attente les ordres sont bouleversés, le cri est à venir, la peau est tendue, frappée d’un bâton souple, le cri dans l’eau trop froide pour ceux qui jouent à la chaleur sans remords et sans craintes, ils étendent le bruit sur l’horizon, sur le destin, la fureur portée au-delà des avances, au-delà des remontrances, dans le parcours glacé du pied dans l’eau froide, de l’escalier qui craque le matin trop tôt.

Il faut y trouver l’ordre et la raison et choisir sur la peau la place exacte pour le baiser, le juste moment pour l’offrande. Et la vie est passée sur les cailloux, et les arbres sur le calme se balancent et les feuilles glissent entre deux larmes. Les cailloux sont accumulés sous le pied sous le poids dans le calme sans ride, dans le regret, le temps passe, il faut écouter, écouter pour voir et dire le flot.

L’ordre en apparence est offert, la profusion est intacte, les oiseaux sont couchés, il fait chaud, il fait froid, les bâtisseurs contemplent l’élévation, les rêveurs cernent leur rêve, les oiseaux sont blottis, les insectes sont absents, les chiens dorment, le temps passe et ne se présente plus, il y a dans l’air sans rides un éclat, une légèreté que l’on écoute, que l’on veut voir, qui se mérite, qui est en attente, qui répare la vie et fleurit sur les branches. Le temps est arrêté, les cailloux sont posés, les chiens dorment, les oiseaux sont serrés, des enfants agitent leur main, il est temps pour l’adieu, pour l’inconnu, pour tourner sur la terre et suivre un autre chemin.

25 Août 2006.

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