jeudi 30 août 2018

Un précipice.

Ils vont, et s’emportent, et recommencent une ardente prière, les forts et les faibles, les irrespectueux, aussi. Ils craignent la puissance croisée par hasard, au sentier de l’innocence, au reflet du noir sur le bleu. Ils ignorent leur largeur, les plus petits se mesurent et recommencent et finissent à terre, efflanqués et sans souffle, passant d’un trou à un autre, d’une histoire à une autre, d’un toujours à un autre, pour dire la vie dans un sanglot et dire l’amour et dire la guerre, et dire le pardon et renoncer au droit, pour briser des étoiles, et des poussières de brouillard. Ils passent d’un trou à un autre pour tout refaire et mordent dans la chair des rêves et des idées.

Les oiseaux, au large se rejettent et font trembler les feuilles sur les branches, au large se déplacent et reprennent sur l’herbe, les débris, les reliefs. La charité est morte, le silence est venu, la chaleur emporte les derniers apparus. Les oiseaux se penchent et bondissent, d’une rose à une autre, d’un avenir à un passé, d’une porte à une fenêtre. Les forts, les faibles, les irrespectueux, leur puissance, leurs souvenirs, les humiliations et l’enchantement, ce cortège est à compter et à offrir, un peuple est en marche.

Les plus petits se mesurent et recommencent et comptent les vertus et détaillent les désirs. Ils sèment à la volée des larmes de contentement, des poignées de désespoir, les fils sont emmêlés, les langues sont nouées, la parole est confuse, les chiens se couchent et se tordent, il y a, à venir encore, un précipice.

16 Avril 2007.

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