dimanche 17 septembre 2017

Sans titre, 28 Juillet 2003.

L’écume prolonge la vague. Dans une hutte de bois flotté, le bleu du ciel est celui de la mer. La plage est de nacre, blessée, roulée par les pieds qui courent ce bassin. Chaque jour les enfants meurent à l’enfance et naissent dans la chasse aux griffés, aux meurtris, aux allongés, à ces choses qui tintent, qui flattent l’âme et le regard, l’orgueil des fous et des aveugles. La vie avance chargée de chaînes et de cailloux. Fers rougis au soleil, c’est à midi qu’on marque ce bétail, ces gens, si beaux qui marchent bien, sous le soleil qu’ils illuminent de certitudes.

Forces insolentes ils mangent sans se vêtir, le salé et le cuit des pécheurs, la soupe blanche, le grand miroir des vaincus. Ils sortent à leur tour, forgés de soif et de blessure, par deux liés d’un voile à la taille qui en dit trop. Un chien là bas glisse vers l’eau, le soleil passe, l’ombre claire est un refus du mal qui vient. Cette mer chante et parle à tout instant, chacun dit c’est pour mon droit, mon courbe, ma fantaisie.

Chaque coup me tue, mon a peu près, ma fantaisie de merle noir. Le poids des chaînes agrandit cette plaie, cette bosse, un filet d’herbe tourne sur lui même et marque ce coin de terre ou le combat sans cesse se renoue. La tige fine encadre un bec éclos, un joint serré. Le combat est sur cette rive, ce champs ouvert ou chaque jour le fil s’échange d’histoires qui finiront, peut être un jour, peut être pas, dans l’indifférence ou le drame, peut être un jour, peut être pas, sur le grand plat de l’existence, au rythme lent et bien caché du rire noir de l’été.

L’instant fuit avec la confiance, le repos, long écho de la note que fait l’oiseau sur nos livres, nos sacs et nos trésors. L’eau absorbe le regard, le pas subtil, la danse ferme et profonde de ceux qui viennent, de ceux qui se rassemblent le long des épis ensablés. La vie avance sur le champ ouvert et pâle de l’enfance que laissent doucement ces guerriers rougis de soleil, qui rêvent du sang des autres, du sang qui palpite là toujours où il faut.

28 Juillet 2003.










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