mercredi 3 janvier 2018

Comme un grand singe.


Comme un grand singe qui montre son derrière, il avance sans retenue. La marche qui le balance offre le poids du corps, fermé sur la cicatrice de l’enfance. Dans l’air d’iode et de sel, la chaleur fane le grain du métal sur sa peau. Un arc de terre forme dans son plein un anneau qui se détend dans la bataille et coule sur un monde ferme. La violence de ce grain fascine le soucieux qui s’arrache de la nuit. Les ombres se promènent sur celui que berce une plainte de sirène. Il trompe son ennui au soleil de l’été et fait voler dans la poussière la balle rouge des enfants. Le clair, le grand, celui qui marche, voit courir dans la tourmente un vrai baiser de tentation.

On se lamente, taire ce grand orgueil, brûler de connaître le plaisir et la chaude étreinte, nouer sur le sable noir une faveur de gourmandise, une évasion qui va mourir dans l’air. La route pousse la tête au fond, dans le souvenir des arbustes qui pleurent une gomme de joie. Les esprits volent sous l’orage, la vertu abîme tous ces anges et sent la ruine et l’abdication. Il frotte bien l’esprit, frappé par le filet de salive dans le trou noir à peine ouvert. La grimace de patience finit de tromper son accord, les désirs pleins, les cordes raides et les sanglots sont au plus mal, dans l’ombre que fait sur ses états, son cheval et son repentir. La voix efface de ce grand cerceau, le deuil et l’amertume, les pleurs et les blessures. Le corps rougit dans l’impatience et marche jusqu'au sillon des vanités. Les histoires bousculent le déballage de fruits trop mûrs et trop mangés, ils finiront sur un tas d’herbes mouillées par la rosée, dans l’air du soir qui se mélange aux écorces. Le sacre de la vie éclate, éclabousse les faces noires des hommes qui dans leurs sacoches déplacent tout leur attirail, de la rougeur et du parjure, du délicat et de la joie, du violon et de la terre, de l’eau bouillie et du savoir. Les escapades dans la lune, les détours dans les corridors se mélangent dans la lassitude. Dans cette brillante saison qui marche vers la pente, le regard suit le trésor, la douceur du soir vient comme une fraîcheur sur les tempes, comme une joie absurde, détendre une atmosphère riche de courroux. Les esprits se raniment dans la décision de partir, retourner dans la suite du monde, dans le regain de la vertu, dans l’espérance de la grande fêlure qui remplit la vie et vide le conscient de la finesse de ses os.

Il tourne sur lui ce grand singe qui montre à tous les passants ses grandes jambes et son derrière.

5 Août 2004.

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