lundi 31 juillet 2017

Jour tordu. III.



1

Et encore là, il faudrait dire : monde je t’aime, je te prends et je tire chaque fil, sinon, bouche sèche, et langue mourante, je tourne rond et sable le chemin, il faudrait des fleurs, de la fraicheur et du parfum, sur la peau, sur les dents, au lit, et à nouveau, oser, oser, être roi et conquérant, au bord du chemin, la jeunesse attends, on se battra par reconnaissance, pour les plus simples, pour les plus forts, pour un avenir de mort, pour une vie en partance, dans le tombeau : des fleurs et des chansons, mains tendus, cœurs habiles, ils tiennent, debout ils dépassent d’un fil, la vue emportée, les sacs débordent, des fagots aux buchers, on arrive, on noie les corps dans trop d’ivresse, du sable aux genoux, des blessures dans la main, des lames et de la peur, plus rien n’est en partage.
2

Je me lance et je coule, pauvre soldat malhabile, il n’y a plus d’espoir, crainte tendue, de l’ombre au petit jour, entendue la plainte éclatée, pour toujours je ne regarde plus, je ne cherche plus, je ne trouve plus, une route de cendres, des yeux pour le danger, dans les coins sombres, dans le rang les arbres ne fleurissent et au ciel immense monte, la fumée.

3

Sacrifice et calvaire, tout croise et se défait, les collines, les allées, du nouveau à donner, en raison, il faut, il faut entendre, tout crépite et tend, tout brûlera bientôt et au soleil couchant il y aura de la haine sans repos, de la peur, du feu, souliers éclatés, pieds en sang, les chiens et les rats, collines noires, insectes au charnier, un fardeau et tout brûle bientôt, des sacs et des cordes, des cadavres, dents arrachées, tout ici palpite, la haine et la terreur, et encore là il faudrait dire : monde je t’aime, je te prends et je tire chaque fil, en chansons, des bouches sèches, des langues mortes et des cœurs aux abois, rats de bataille et chiens perdus, tout ici recommence et je pose ton histoire, un fardeau en feu, une bouche pour dire, langue sèche viens, un peu, comme il y a longtemps, bucheron arrête, un peu, ton bras, verse le poison. Ivresse versée, paroles pour tout dire et tout cacher, genoux en terre, descends et bats-toi, il reste encore à dire et faire, tout est à brûler, pour tout rendre, bouche sèche, langue morte, pour parler, pour recommencer, oser, être roi et conquérant, un jour tordu, il faudra l’eau pure, il faudra le sable, l’air, les feuilles, les oiseaux.     
27 Juillet 2015.

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