jeudi 22 février 2018

Je vous connais, nous sommes du même village.

La pluie est venue sans annonce mouiller le souvenir d'un homme vieux, défiguré de travail et de courage. Les mains se couvrent d'écailles et de coupures, faut il faire confiance à tous ces gens épris de liberté qui dansent sans trembler autour de vieux cadavres, la pluie se couvre de lune et de métal, les oreilles se décollent et la bouche se pave de dents arrachées et de langue desséchée. La vie est une épreuve. Les cheveux se figent sur une espérance de victoire dans le temps et sur l'espace, les réserves sont vides.

Le plus jeune qui a suivi est en forme, grand héritage de vigueur. Les sens de sa suivante sont en éveil, dans une transe qui délivre. Ils étaient si tendres et plein d'abandon, que faire, sans le dire, donner toujours un abri à la volonté. Les nattes se défont un soir sous la pleine lune sans que le plus dur ne se démonte.

Il est enclin à remplacer les chevaux et se pare de courtes jambes, la forme là où il faut est lourde, comme on dit, de pleine sensation et de désir à boire comme se traient les vaches et les chèvres. Ce turc au long couteau pavane sans entrave une forme de longue plainte, il est planté dans la saison et fleurit la mémoire dans les effusions qui se déposent. Une certitude le raide est le meilleur. La voix lactée défigure donc la forme qui se répand et tend sans pudeur la toile trop lavée, les franges se désolent sur la cheville, la jambe est pleine de poils et de bleus qui palpitent sur le tambour de la pagaille vivante. Cet ardent est païen, il désole les anges. Il est une avenue, elle débauche la vie des roitelets qui dansent dans un clair bien être. La peau se tend sous le rouge et la difficulté de s'étendre déchire la vue de ceux qui n'osent rien, le mât est levé, le poil se frise et le nez se trousse sans rire ni sourire, les yeux effarouchés n'y croient presque pas, l'arme blanche élève le courage et se penche la cuisse, elle file une larme de première clarté, une épée de chair se pose sur la mémoire et finit dans un rêve en histoire de travail et de chair brûlée. Le corps est affaissé et la jambe vivante arrondit le tissu rouge qui sèche au soleil, ils étaient si doux les yeux qui caressaient ce muscle de bonté, la chair sous le soleil, et la goutte au parfum de vernis dans la coquille qui démange.

Un ouvrier aux mains ravagées de ciment et de gale, était le père de l'étalon qui régnait en rouge sur la plage.

11 Avril 2005.














Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire