jeudi 1 février 2018

On a couru ...

On a couru, sans rien savoir, d'un bout à l'autre de la saison. La vie se passe et se contente de peu. Il y a à voir le monde en merveille, courir le soir quand tombe la fraîcheur sur le jardin de lierre. Les oiseaux fabriquent un nid à leurs petits, tombés des œufs avec la coquille.

Il parait que les abeilles dansent, la vie se développe sur la solidarité. Il est un peu tard pour avouer des évidences pareilles, la solidarité et l'amour, la charité aussi. La saison se termine et rien ne remplacera ce qui n'a pas été fait, ce qui n'a pas été dit, ce qui n'a pas été pensé. Les fleurs s'envolent sur la route, les écrits pleuvent dans les souliers, la vie nous envoûte, que sera notre demain et puis reviendra-t-il ?

Le Dimanche après ce Samedi, le brouillard tremble dans l'escalier et grimpe au pied des romarins, la vie bascule avec le temps et le grenier se vide d'un coup de rein. Le dernier train, la dernière foulée, se courent. Merci, le froid et l'or, le caillou et les abîmes, la volupté et le grand pardon, les deux en un et la foule qui dévore l'azur. On marque pour l'enfant un vêtement de son nom seul. Il faut dire sur la route, laissez moi seul avec les anges, dans les bras qui font rêver. Les chiens aveugles nous quittent. Dans l'ombre ils connaissent le chemin de la liberté. Il y a dans cette forme un air calme, une envolée d'hirondelles et d'étourneaux qui tourne loin du bord du monde.

Ils reviennent tous les étés, ces oiseaux noirs qui brillent, le soleil les lance dans l'air du soir. Quand il fait chaud, il les pousse dans le courant de leur liberté. Qui ose dire oui quand tout est noir et non aussi quand le bleu de la peur chante un adieu dans le cou. Les oiseaux vifs se déplacent dans le grand vent, il les soutient, ils assurent seuls dans la lumière qui les enlace une récolte de fruits murs. La vie après l'orage regarde vers le silence, l'or se transforme en bienfait. La mer immense supporte les ailes des oiseaux, partis tôt ils filent droit.

Tout va changer un jour ou l'autre, les enfants vont revenir vers les vieux, vivre et rire de trop de blanc dans la pensée. La charité comble d'aise, la bonté libère. Sur la montagne une fraîcheur souffle le feuillage et dévore le bois, cette vendange se termine. Il faut dans la pénombre dire, bien, cela se peut, le carnage vient y plonger les enfants et dévorer un baiser, un semblant de rire suffoqué. La vie est une affaire de passion, de liberté. Les enfants perdus espèrent le retour des vainqueurs. Qui parle, qui parle ici de liberté, l'amas de cendres et d'or couvre tout sur son passage.

Un héros meurt dans l'effroi, il s'agite et descend les marches de l'escalier. Sur sa peau une cicatrice. Il a vécu sans prendre le temps de boire aux églantiers la rosée du bois sur la tige en griffes. La chasse frotte le pas de cet enfant. Les fleurs, les anges blancs et les cailloux fument dans les encensoirs. La buée se décroche de la vie, un prétexte pour fuir vers l'horizon. La mort ne souffle rien.

Où sont les arbres et les rues ? Où sont les grands et les petits ? Que dire dans cette cohue ? Que faire dans ce temps ? Ils mangent des cheveux d'anges et se frottent de l'aile d'une fée, partie sitôt venue, et se découvrent des lenteurs de cygnes qui chantent dans l'ouragan. Du parc gémit une plainte, il est long à revenir celui qui manque. Vont-ils finir les hommes armés ? L'hiver s'en va. Les yeux se ferment dans l'espérance du jasmin et du lilas. Les lueurs filent vers la table. La vie est lente, chaque jour peut recommencer. Le silence se perd autour du pont. Une fleur de sel sonne comme une cloche au soleil du mois de Mai, à la mesure du panier.

31 Décembre 2004.

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