vendredi 9 février 2018

Le figuier ...

Le figuier languit et espère, abandonne la scie. Il faut le venger du jardinier, nuit, envoyer des rêves plus tristes.

Ils sont nombreux à croire que les choses se disent sans se faire, que la vérité est plantée au cœur des arbres comme des corbeaux sur une porte de sorcière. Les chasseurs de salut se tirent sur le poil à la pleine lune, les anges se dispersent en malentendus. Le froid tire sur le crin. Le chien s’effarouche et ne croit rien. Pour comprendre ce qui se passe et se dit, il faut lire dans le miroir, grandi chaque jour au ciel et figé parfois quand descend vers nous l’ombre simple des âmes heureuses. Elles tournent dans ce jardin de roses et de papillons.

Ne coupe pas cet arbre cet hiver.
(22 Décembre 2004.)

Le serment est rompu, il a coupé le figuier, du crépuscule vient au jour et respire. L’arbre pleure sa gomme empoisonnée. Le bras est épuisé, la scie est rebelle, le corps dans le froid se courbe et s’affaisse. Il fallait chercher plus loin, ne pas couper d’arbre cet hiver.

Il triche et sacrifie pour conjurer le retour du vent en immenses rafales, le froid se maintient et pourtant le soleil brille.
(15 Février 2005.)

Le bras est épuisé, les branches sont coupées, la chaleur peut venir, le monde attend. Le fagot se détend au bord du chemin, les mains qui l’ont serré sont griffées et collées du suint de l’arbre qui se venge et défigure le coupeur. La main gonfle et ne tient plus ni outil ni baguette, le mot ne s’inscrit plus, le jardin tourne à l’abandon.
(16 Février 2005.)

Le bras se repose, le froid s’évade par les orteils, le souvenir du figuier se profile dans un coin du jardin, cueilli dans les rosiers qui bourgeonnent et font craquer l’écorce. Le vent sèche la terre, celui qui y tient arrose à corps perdu son coin de rêves et de prières. Le chien est enfermé dans une mélancolie de bête qui vieillit, les pointes vertes des jonquilles se concentrent sous le vent, le pied qui passe en érafle certaines, on peine à croire que le beau temps est en marche.

16 Février 2005.

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