La réalité appelle sarcasmes, soupirs et quolibets. Le désir, le mal et la félicité, en regard sur ce remuant ménage fabriquent-ils en silence la beauté ? Le vent souffle sur les veines du pied, si douloureuses. La chanson atténue le mal qui fouille cette chaussure.
Le faible et l’innocent baladent leur rage, ils peuplent une cabane de cannes folles et de roseaux frottés sur le genou. Une goutte de pluie vogue dans le brouillard, vient et entoure le passeur d’un écrin de lumière. La houle se dépose sur la plage, partie d’un tout, d’un rien, du centre de l’univers de qui regarde le ciel et la mer réunis. Il vole vers l’espoir dans une course longue et remue les veines de ses pieds. Il se perd dans le regard de ceux qui cherchent et croisent la liberté.
Le parfum du monde change, on entend à peine une bénédiction. Il y a dans l’air comme une agonie de grand d’Espagne, un souffle vers le pays d’orange et d’or. Il faut attendre, l’air est trop froid, qu’un bras complice, une main amicale tendent la couverture pour bercer le chagrin dans l’air qui tremble, dans le cou et sur la cuisse nue. Il y a des matins de bohème ou l’homme le plus sage semble un loup qui revient tourner dans la tanière et hurler à l’envi, les yeux collés d’orgueil.
La foule des endormis sans plan et sans boussole rêve de la fin du parcours, du destin des bagages, de l’asile où mettre un cœur fourbu. Une aile pousse au pied de ces athlètes qui passent et repassent dans le froid de l’été. Ils volent vers toi, passant de froide lune, endorment tes sens et restent hébétés dans ce lit mou et chaud de sable, de verre et de chardons, construit chaque été. Le soir venu il faut mettre des tissus sur le torse et sur la volupté. Entendre grandir la plainte et le regret de cet absent qu’on pleure et souffler bien fort sur la braise de l’âme, sur l’incendie du corps et la fournaise de l’orgueil. Retire-toi et reviens chaque soir dans la fraîcheur, vers la rampe qu’on monte, où éclate souvent une fontaine de joie.
Chaque seconde est une épreuve, le drap révèle la grandeur de ce corps qui déploie des ailes de tonnerre et fait trembler un colosse qui croit entendre rire dans son dos, un diable de fer, une parure noire, un ange de jamais qui mord, dans le jardin de marbre, un ventre dur. Il force le destin, frémit sous la langue et se plie toujours. A tire d’aile sur le sentier qui grimpe vers la joie, dans l’escalier qui part en promenade, accepte ce bras lourd sur l’épaule et reçois la vie qu’il perpétue, visite sans cesse et grandit, de courage, de rire trop fort et inquiet, de vertu. Tu ne seras plus cet informe et pâle qui étale à tous, la douleur du sang dans la paupière, du cœur dans le talon, du muscle dans le dos. Il te fera passer de la vie à l’ombre, mais le passage est sur, dure la volonté. Accepte de l’aimer car tombent pour jamais les fleurs de l’été.
12 Juillet 2004.
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