Le métal brûle, l’air passe les branches. Cette marche ne cesse et épuise. Aller de l’avant toujours, commencer sans appui et sans merci. Le décor voile le mystère. Le chemin file sous les arbres et les oiseaux, la lumière trace, sur le dos le bagage pèse un poids d’amertume. L’allure sous ce fardeau forge des blessures, le corps raidit, les jambes frôlent les épines, l’éblouissement à chaque pas invite ailleurs.
En dépense, la vie enrobe le vacarme des images dans l’absence. L’herbe folle se dessèche, les rumeurs de cailloux lacent l’esprit qui se tord dans la tête qui penche. Il faut laisser aller le vagabondage, l’errance, des jambes qui tournent sur le vide. Le sentier frissonne de paroles qui butent sur le don de soi, qui s’arrêtent dans l’instant et tirent à jamais une révérence de pauvre et de mal noté. On cherche le plus beau pour n’en rien faire et gaspiller cette grâce, ce visage et le reste d’un corps qui se perd dans la mélancolie.
Renoncer au parcours serait une chose sage, l’orgueil pousse au partage de la profusion avec l’ombre qui reste en plein soleil, miracle de la fuite, ce regard est nécessaire, voilé, l’exposition s’impose dans une nuit éclairée de son obscurité. Le vide épuise le cœur et les nerfs. Le jour a tout donné, la nuit le reprend.
Le ciel brûle, le soleil cache l’obscurité, les yeux se ferment et l’éclair devient or et orange mêlés. Le chemin environne, le passant passe son temps, le froid serre ce cou qui grandit dans l’impatience du revenir et du repartir, dans un autre monde, ce qui frotte la peau éblouit, du froid sur une plaie à chaud éloigne la douleur.
Le combat, du devoir et de l’attente, enferme le feu et la glace, contact qui protège la plaie. Dans cette eau vive, la lutte est nécessaire et laisse pour morte cette chair qui flétrit. Aller encore, le chaos se vide sans que passe l’oubli, le temps évolue dans le noir de la piste, la poussière infernale, la vie coule dans l’air bleu, la fantaisie brode dans un circuit obligé. Le retour est une surprise pour celui qui réclame un peu d’attention, de la cendre sur la plaie qui suinte. La marche repousse les ombres, le fil de l’araignée arrête le marcheur qui s’étonne et se sent menacé.
Aller toujours, faire bonne figure au destin, une abeille butine et fait passer le jour d’un bord à l’autre. Le regard fuit, la route est longue et sans but. Le ciel passe au dessus de la tête, le vent file dans les branches. Le pied glisse sur le sol, le dos s’écrase sous le poids, l’eau reste fraîche, le monde est parcouru.
15 Juillet 2004.
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