Dans le noir un fil attire et fléchit les osiers, les lances, les tiges mal brisées. La barque sur le bord verse des seaux de lune dans la vase. Le regard des petites filles laisse finir la nuit. Il faut tourner, le cadran meurt ce jour de faible lune, le soleil est absent, la vérité se noie dans l'étang. Un qui perçoit le vide déchire le manteau de brume.
Ces égarés lancent à l'aube le geste fier de ceux qui mènent un troupeau, une meute, un monceau de bêtes qui dévorent. Le regard du pâle s'anime, le furieux mord, le frêle bloque la sortie. La fraîcheur agite une armée en campagne dans le matin qui file. Des objets tombent. Sur la route le lent installe l'avenir pour ceux qui avancent. Les carillons chantent l'espoir de voir, les enfants avancent. La pénitence gratte les oreilles, les morsures de la vermine fouillent les yeux de ceux qui sont devant. Ils rappellent dans le premier soleil les erreurs et les coups qui marquent leur avance. L'herbe trop mouillée affine la peau du pied, avant que la corne et le chancre s’y mêlent. Le jour se renouvelle et détend la figure du seul qui mange sans remords. A l'arrivée, le lent, le frêle, le furieux, le pâle tremblent sur leurs pieds. Il y a dans leur air un parfum qui souligne la fin du voyage.
25 Octobre 2004.
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