mercredi 15 août 2018

En gouttes.

Quelle sagesse, étrange, dans le soir, tout dire et tout faire. Les objets se manifestent et refusent la suite, le retour. Que reste-t-il, que faire, rien n’y fait, entendre le chant élevé et tourné et perdu, sans erreurs, puis partir, et entendre encore, les couleurs se défont et elles se disloquent.

La pointe du sourire est contre le volet, le jour s’achève, les oiseaux se battent sur les pierres, le chemin blanchit de froid et de remords, les heures fuient, les oiseaux pleurent sur les branches dégarnies, effrangées, rompues, battues et refendues. Le chemin est tordu, les griffes raclent et s’enfoncent, le froid se dépose et tient sur les pierres. Le chemin est blanc, la vie coule en souvenirs et en fontaines froides et furieuses, les forts sont en cercle et tirent dans l’eau profonde, des pierres du chemin, des pleurs, des saluts, des matins effondrés, des chansons lentes et si tristes, tristes, sans reconnaissance et sans soutien.

Ils frôlent et raclent du bec et des griffes, les oiseaux petits et rougis, en gouttes de sang chaud, pressant les plumes sur le sol, sous les arbres, feuilles tordues et grignotées. Le froid a saisi et étouffe le grain sous la plume. Contre le volet, contre la serrure, sur le rebord, le fond est parti, le froid glisse sur le verre et sous les griffes courbes, sous les coups, sous le butoir, dans la frange, dans le calme. La toile gratte les plumes et les griffes et la coquille et le rebord du nid et la chambre, les erreurs, les ombres et l’attente, gratte l’attente, la nuit est grave et pleine. Le moyen pour finir, trembler et répondre dans le vent, dans les cordes, sur le rebord, fenêtre, nid, répandre la pluie et les certitudes, le regret, les regrets et ils n’ont rien fini.

Rien ne fut mangé et les débris coulent sur le sol, il ne reste rien et personne ne peut, les erreurs et les joies, les objets se refusent et la suite est retenue, la chanson lente monte et monte et remonte et les armes répandent les débris sous la table, sous le lit, les amants ont vidé la dernière coupe, l’effort est accompli, la vie avance, la douleur est là, sur le chemin qui givre et arrache entre les doigts le reste et l’avenir. Les oiseaux sont perdus, les couleurs sont effacées, les ongles raclent le sol, les pierres vibrent sous le talon, les hommes et les oiseaux, dans la chambre, dans le nid, ils se serrent et tombent sur le dos, sur la main, sur le cœur, dans la petite lueur, dans le froid installé sur le bord de ce chemin ou errent les enfants.

Ils ne seront pas là, ils ne seront plus ici et le nid et la chambre et les destins croisés sur la roue ou s’écartèlent la lune en son ruisseau, le tendre et le précis et la fin de l’écho. Le plus petit se glisse et fend d’un coup de bec la noix et la raison et les feuilles ébruitent un vent de glace et de solitude. Ils se mélangent, et recommencent un rêve entre deux coups de brosse et de chiffon, les vitres pleurent, les rayons dressent la lumière et les éclats et l’étincelle, entre deux coups de brosse, un œil posé sur le miroir. Ils se gardent de vivre et refont des histoires et des soupirs d’intelligence et des rangées de silence et des éclats de voix et de rires dans la chambre au dessus du chemin.

31 Décembre 2006.














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