vendredi 24 août 2018

Il croyait.

Il y a une forme lasse et tragique, retournée de champ en champ, en chute sur le noir et le perdu. Les yeux bougent, il se penche et dépose sur le sol une fleur noire et tordue, les oreilles attendent, les sons sous la paupière éclairent, des statues, des colonnes, dans la main droite.

Il est perdu et tourne, et tourne, et retourne sur le banc de bois. La blancheur fade et sans épice, les croix de bois sont alignées, les ardents sont cambrés sur tige, le froid a fait office, la peau est tendue sur les os, la chair est ferme et sans éclat, les yeux dévorent les couleurs, les colonnes glissent sur l’herbe verte.

Le cœur en bloc se fige, sur la trace, les aveux, les supplices la chair fade si peu colorée, il cherche, cherche et tourne et retourne sur le pavé, le caillou blanc, la pierre noire, les reflets, les erreurs, les sorties, et les chansons dans la mémoire, les rides sur le front de l’eau, les cadeaux sur la main agile, les orages, les confusions.

Il se repose et recommence et ferme sur les jambes, il arpente le souvenir, le chemin lent et défoncé, les images une à une accumulées, les icônes pour la main droite, les drapeaux blancs, les drapeaux noirs, les drapeaux rouges. Toujours au bout du rêve il y a un combat à venir, un avenir de coup, de poids et de sang, en vacarme, pour couler du front sur les joues et glisser le long du cou.

Les erreurs se payent de blessures, il croit prier et prépare la lutte, il ne s’est pas remis, il ne s’est pas rendu, il croit attendre le réveil de Dieu dans sa chaumière et il repousse les clôtures pour bâtir d’autres cathédrales, pour inviter à redescendre, pour recevoir la bénédiction.

Il croyait prier pour les fleurs et les oiseaux, et toujours il compte les coups, le mensonge s’est insinué dans les rivages et les lisières, la folie est encore en pointe, les étrangers vont débarquer et rompre des lances, en chemin vers l’avenir, en partance pour l’horreur, en avance vers la mort, le sort terrible est relancé, la cause est toujours ouverte, les spasmes vont trancher le cou et corriger, la bataille est promise, il faut croire malgré tout. Il se croyait en prière et il est en arme pour la guerre.

Il faut du feu pour le brûler et des pierres pour l’abattre, la correction impose un avenir de cernes et d’or bleu, volé aux pauvres gens, dérobé aux aveugles, la solitude serre son cœur lourd, il faut entendre le chant, il monte et pioche et il promet le meurtre et les orages et des enfants perdus et des enfants battus et l’ivresse pendant le carnage.

Il faut entendre encore plus loin la stupeur, il se repose sur la rive et fauche la tête du bien, il coupe le cou des orgueilleux et relève d’une main les lames plantées dans le sol, scellées dans la terre par des chaînes de désir noir, d’ombres portées et rouges de rouille et du sang sur la main, posée sur un tronc d’arbre.

La vie s’écoule, il croyait prier et préparer le triomphe, et il s’arme et prédit la guerre, les gentils vont tomber et croire sera une aubaine. Il faut se relever et tordre les draps pour ensevelir le malheur. La vie s’échappe et tord la bouche des mendiants, il faut du pain et des cailloux et du ciel pur pour laver le cœur. Il croyait prier et il préparait la guerre.

28 Février 2007.

2 commentaires:

  1. "Depuis six mille ans la guerre
    Plait aux peuples querelleurs,
    Et Dieu perd son temps à faire
    Les étoiles et les fleurs."

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  2. un doublon précédemment qui devait être CECI

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