dimanche 12 août 2018

On livre et on liquide et on chante, sur le filet.

La toile est tendue, les éclats sont dans la peau, reçus et emportés et menus, tout ensemble, un océan, une absence, un rendez vous de fer et de marbre. Il a poli la ritournelle et rempli un verre, plein de distance et d’ennui, il cherche une sensation, une frénésie, une espérance, pour le martyre, pour la nuit et la sincérité. L’ardeur et les friandises et le ménage, remués et la solitude et le repos tout bien gardé et franc et mûr et volontaire et plein de défauts sous le pied. Il faudra bien finir ce verre et contempler le ciel caché sous les branches, dans l’herbe qu’il faut croiser et retoucher. Et en remplir un panier d’espérance, de chaleur pour annoncer aux enfants qui passent, le retour des armées vaincues.

Ils ont brûlé le char des maléfices et tassé du pied la boue, elle pleurait, elle est en lice et dépecée jusqu’aux genoux. Ils brûlent et rebrûlent et entassent des herbes noires sous les roues, le char avance et on y voit, un gant retourné doigt par doigt, les épreuves, la liberté, le courroux, la gaieté, les ficelles, la saveur. Le chien est lancé dans l’herbe, sur la route, il est perdu et, retourné son panache, il court sur un pied tordu.

Les ogres ont dévoré, les herbes ont brûlé, brûlé, la confiance se consume, les blés sont trop mûrs et saccagés et posés. La main tremble et remonte sur le tronc et racle l’écorce, sous le gant trop tourné, et retourné du noir au blanc, des cris au silence, de l’horreur à la sainteté. Les anges les ont vu passer et fidèles se sont penchés. Ils vont crier et rompre le silence et rendre au ciel cette pauvre moitié, ce lambeau de rage et de colère et d’abandon. La peau se tourne sur la vie, les os se choquent et finissent le chien passe et commence l’avenir, le départ loin sur la grand route vers ailleurs. Les pavés sur le ciel, tournent et retournent, le vent levé, le corps blessé, les genoux cernés de misère, de cailloux blancs et de sueur. La rive est jonchée de merveilles, de poissons et de coquilles, de cruauté, les cailloux brillent dans le vent.

Les membres brûlent et descendent, la peau est tournée sur elle, la noirceur a viré, le massacre est accompli, ils courent, courent et volent dans la nuit, la tête est fendue. Le chemin au bord de l’eau, il faut s’asseoir et contempler et trier et retirer la peau, elle a brûlé dans le panier.

Les hommes heureux cueillent des simples, le chien court sur le chemin et d’autres plus loin se bercent d’illusions et de massacres, de désespoir et de contraintes et passent dans la nuit sans lune, la tête cachée d’une épaisseur de noir pour brûler. Ils ont fait un miracle pour les beaux jours, ils ont inventé l’ivoire calcinée, la peau tirée, la peau tendue. Le tambour sonne sur eux et ils courent dans la nuit d’ivoire sur les dents d’émail, dans le panier, des chansons sous la narine.

On livre et on liquide et on chante sur le filet, la toile est tendue et sans rides et les éclats sont dans la peau, reçus et distendus et emportés et menus et tout ensemble se compose un océan, une absence, un rendez vous de fer et de marbre.

30 Octobre 2006.










1 commentaire:


  1. Plus de mots

    Mais le masque des couleurs

    Sur ce carré de toile



    Toi

    Le silence de toutes les douleurs

    Elles

    à mille doigts

    à mille spores*



    Encres noires écrasées

    Langues de feu

    Bleus primitifs



    Et ce peu révélé cache l’élan secret qui a conduit le corps à lancer ses couleurs

    Sur ce carré de toile





    * Fougère rouge qui bouge en elle

    à mille doigts à mille spores

    dans la préhistoire du corps

    Jacqueline Saint-Jean

    (Jelle et les mots) 2012


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