samedi 19 mai 2018

Ariane.

Ariane, il faut voir le malheur en face et chanter. Un trésor monte de la nostalgie, il faut apprendre à dire ce qu’on doit, il faut chanter les morts et réjouir la vie, le destin est tracé et brandi au plus haut. La confiance devient une confirmation, le repos du soir est une bénédiction, il faut dire cela et le faire et recommencer pour la certitude. Les héros, les légendes, Thésée et Ariane, et les charmeurs ont osé la prouesse, se poser devant, retarder la plainte et sous la dent finir comme l’os des pendus. Ils se frottent toujours à l’aise et entament seuls, un retour vers l’absence. Le désir pleure, et rêve un océan, un coffre de cailloux, la pluie dans le matin tremble et dévore le vide. Un regard sur les choses, la confusion. Un paysage clôt l’avenir, il faut partir et grimper jusqu’au sommet, entendre la vertu, tirer sur la corde, mordre et arracher un bout de peau. Une exposition de grandes et de petites choses déposées, et il respire dans la félicité. Un rocher sent l’abandon. Les futures délaissées jouent du repos, du remords et de la vantardise avant la pâmoison. Elles se reflètent dans le lac aux eaux si pure et déposent leur fardeau de volupté, la chair est allumée, les regards disent : il faut entrer en force et reprendre la main.

La ruse tendue, la vision tordue, il faut en prendre une pour recompter les rives et choisir le velours, que la vertu inonde la paroi. L’escalade est en haut, et en bas finit le songe, les meneurs sont tombés et frémissent toujours, ils étaient si petits et pourtant pleins de charme, revenus de loin pour offrir l’essentiel et trembler de bonheur et respirer et penser et dire tout bas, il faut voir venir du fond des âges la source et le ressac. L’évidence même frémit et enfante et vole et danse et lie la vie.

Leurs ombres sont tombées et descendent vers l’infinie clarté, il faut rendre compte et supporter l’absence, des prétendants sont tombés dans le bourbier des espérances vaines. La grandeur est en marche, de pourpre vêtue, commence une figure dans le silence, une percée de joie pour ravir la pensée. Les aveux, les échecs et les contes sans titres, la raison et le grain et la saison gelée et les dires de joie et les pleurs sur la main. La solitude est un champ de terre sans été. Il faut partir en conquête et rendre au malheur un seau de sang versé, une trouée de lame au travers d’un corps tendre, pleuré par des générations, il faut entendre cette plainte et repartir d’où vient le vent. La grandeur est en germe, dans le fatras du temps compté et recompté, il faut peser chaque paupière et pleurer chaque grain, le vent est en attente et rompra les amarres et signera d’une saveur froide, le parfum donne des regrets. Dans la cour, les décorations choquent dans le coffre, il faut entendre, il faut sentir, il faut essayer et comprendre, il faut avancer dans le geste de la peur, dans le bois, dans la vengeance fraîche, dans la fantaisie. Oh ! Laissez moi mourir ! Les adieux sont trop courts et trop courtes les branches, rien n’y pendra jamais et moins encore l’indifférence. Et par-dessus tout aucune indifférence.

21 Février 2006.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire