vendredi 11 mai 2018

Discours d’enfance.


Sans doute, sans ressource, sans attrait et sans rancune, il court et s’agite ce fou, il rêve au paradis. Il charge ses épaules de sucre et de cailloux et rencontre la cavalcade des enfants qui gouvernent dans la maison. Les livres brûlent et les vieux en sont là, la collection d’enfants est en marche. Il faut de la candeur et de la bonne foi, ensemble la vie et la rupture marquent la nuit et le sentier. Il explose et délire le plus grand et affuble les autres de sarcasmes et de noms d’oiseaux, cet épouvantail sans cure ni souci, sans espérance. Les images écroulent les murailles, le dit de la raison tourne, tourne, les enfants comparent la vieillesse à la chance, ils dorment sous le ciel couvert d’étoiles. Les oiseaux chantent la vie et le soupçon, le froid est en marche, le rêve défile sur les planches. Les pierres, les moellons ont conservé la chaleur, les ruines tombent et tournent sous le pied, la rime, la raison et la chanson, la porcelaine cuit sous le bois et l’angoisse. Les arbres tombent, tombent et les petits se donnent à jouer du coude et du remord sur le livre de la sagesse : il chante et discours pour qui et pour personne, pour les jeunes gens qui se dérobent devant l’obstacle et finiront peut être en lutteurs de foire et d’espace. Le festin est en place, la trace se consomme sur le dos et sur le feu. Avec la fraîcheur, le soleil, une histoire, un ferment de rigueur, une signature d’importance, ils partent en ambassade et tournent sur eux même. La leçon est pour les autres, ils chantent et discourent, ils disent le givre sur les vitres, les flocons suspendus en rêve sur le lit, l’amour gelé et les paillettes de sucre dans un nuage de fumée froide. Ils aiment la parole et chuchotent dans la buée. La vengeance, la sérénité, la fierté et le doute se saisissent, le gel étreint les draps à sécher sur le fil, le fou dévore la clarté et le regard sur la transparence, la lumière tourne à l’aise dans un souffle, les paillettes brillent sur le rouge de la porte. La nuit des rois l’attend et fuit devant le dernier enthousiasme, les dernières amours, les derniers éclats. La confiance dans le corps avant qu’il ne se dérobe. Il faut croire et conter l’histoire et dire sur le flanc posé contre l’amour, ne me regardez pas soyez aveugles, je serai sourd à vos gémissements, je laverai le sable entre les doigts du pied de la servante, la madone est en deuil et il faut faire semblant. Il faut imaginer et donner à entendre, les feuilles de sel collent sur les rameaux, la branche est couverte de givre, le sol est jonché d’espoir et le courage brille en éclats de vérité sur le rouge de la porte, le rêve est dépassé par le poids des choses, il est usé par la matière qui brille plus que les idées, les vieux fous sont en cavalcade. L’erreur est dans le geste et dans le ton, la voix est en place, le cri de joie est un écho des autres, de la jeunesse, ils défiaient le temps et la chair, le somptueux effort, la charge sans merci, le râle sous la peau. La jeunesse est en fuite, le corps vieux peut encore précipiter des paillettes de joie sur les portes rouges de l’espoir. Il part encore à l’assaut de la vie, grimper le sentier en pente vers le courage, vers l’explosion et vers le feu de froid et de flocons, dérider la vieille peau et imposer une éternité de rires et de chansons.

30 Décembre 2005.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire