mercredi 2 mai 2018

Et bien triste.

Pour un temps triste et une chanson de patience.

Il se promène et ramène de l’ombre en cascade, la lumière en l’aveuglant accomplit un miracle, l’impuissance. Les parfums au présent tiédissent le remords, au monde en attente l’abandon et les rires fécondent la déraison. Il n’y a rien à donner en retour, la rumeur est immense, tout palpite et germe. L’hiver marque déjà sa fuite. Le drame, la perte, le couteau éclate l’écorce, la sève suinte et tache le drap blanc, il y a un assoupissement, la main est pleine, le couteau tourne dans le vide. Les enfants ont grandi, ils ne connaissent plus la main qui les a cernés au temps de l’obéissance et du recueillement. Le vieux visage est apparu dans le miroir du bout du monde, les paquets s’entassent, les bijoux sont trop brillants, le faux dispute la vérité au monde ouvert. La douleur est intense, amer l’oubli sur cette tête. Il chante dans le vide de son cœur. La déception le trouble, son repos est une faute et faiblesse sa ferveur. Les anges disputent une partie de mensonge. Le fidèle est résigné, son temple vide. Il n’y a pas de joie dans ce concert, le compte est entendu, l’addition est une farce sans attrait. Le diseur d’aventures est dompté d’un tour de fouet, la cravache incruste dans sa peau un émoi, un mensonge, l’horreur. 
 
Au secours, un interdit est en marche. Il faut une révolte, une passion nouvelle, il faut croire aux choses et se rendre indispensable à la marche du monde. Un coup d’archet, coup de fouet sur un tambour, il faut que tout résonne. Les feuilles bruissent d’une révélation, les images tristes vont voler, chantera le rire éternel, les créatures doivent se relever et danser pour remettre du feu dans la lassitude, de l’ardeur dans les braises mourantes et de l’explosion. Il faut croire et croire dans le monde, la vie est une fête en préparation et une convocation à la victoire, il faut croire à sa place dans le monde. Il est assoupi, il faut de l’envie et du sourire. La route étire une idée, les marchands comptent et entassent. Il faut des parures pour les belles, les autres sont à l’affût, l’habitude, la certitude, le manteau et les fourrures se décousent et dorment dans la tête des passants. Dans le coffre des enfants les jeux sont loin des rires, leur satiété est un drame. Que faire il faut veiller et éveiller, il faut dire : allez, danser et mordez ce qui gène, raclez les tambours, la gloire viendra après la victoire, Après le deuil, il faut de l’aventure et du sursaut. L’hiver marque déjà sa fuite, les fleurs s’ouvriront. Une fois de plus, et une fois de moins il faudra les savourer et rire une fois encore. La chanson éveille, les paroles bousculent, l’hiver est en partance, sitôt né, sitôt mort, la vie toujours pousse vers le meilleur et vers le pire, la chanson est triste et gaie, les pleurs valent leur poids de servitude. Les hommes se détendent et embarquent une cargaison de sucre et de confidences, la peur est en marche, les rides sont visibles dans le miroir. Il faut croire, la fatigue s’envolera, le destin est inscrit. Le rire est uni aux larmes, un poids charge les épaules et défait dans le soir le rire du matin. Les arcades éclatent au froid, la colère est figée dans l’ennui, la chanson est lente et bien triste, les fleurs se défont et les oiseaux se cachent.

22 Décembre 2005.

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