mercredi 23 mai 2018

Dans ce jardin, que dire.

I

Une chanson d’oiseaux sous les branches et des vols de bourdons, la mort en agonie et le sourire forcé, la ride lutte contre le soleil. La vie coule et commence, la chaleur est en attente. De jaune et de rose le ciel est chargé, les plumes tendues sous le regard et dans le nuage. Les efforts et la serrure, closent des rendez-vous, il faut entendre l’appel des coqs dans le lointain. 
 
II

Les baisers courent de l’un, vers l’autre, le sans égal, le sans pareil, l’éternité est sous la cendre. Le pauvre feu cousu de déraison, il faut entendre le silence monter vers la table de bois. Le foyer est éteint, la terre sèche, il souffle un air de sable tendre, une effusion de retour. Sur les pierres, détaché le va et vient des petits lézards, ils se disputent et font des traits de sucre roux, la vie est rompue avec la laisse d’un chien fou. 
 
III

Entre deux souffles de plaisir, une note de grave chaud. Un espoir tendu contre la peau, avec les ombres et les doutes et remonte vers les cheveux, la satisfaction est une guerre gagnée par avance chez eux. Ils se donnent de l’importance et disent sans doutes aucun, le monde est tel et il faut rendre hommage aux yeux, ils voient si clair dans ce royaume et donnent à chaque chose sa juste place. Le cordeau les unit sur la fenêtre, ils sont liés sur le rocher, ce jardin est un atelier pour dresser sur quatre faces les rochers sur eux. 
 
IV

La servitude au jardin est une prière à deux, ils font la course aux empires et chauffent le banc de la comédie. Les détours et les lignes bousculent le sol et gravent dans la poussière des accents pour la liberté. Un peuple ignore ces oracles et passe près sans ne rien voir, il y a sur cette poussière un parfum de faim et de sang. 

V

La joie est le plaisir d’un seul et une torture pour deux, ils se coursent sur les genoux et franchissent la barrière vers le repos et les semis. Quel émoi si une âme se donne à l’autre sans effort, dans le jardin coule la crainte et meurt la vie. Il faut entendre, les cercles de fleur sur les pierres et les feuilles, dans l’air sucré, le souffle présent de toute éternité. 

VI

Il y a le tri, les outils sont pour façonner et enfanter une espérance. La vérité souffle sur les pattes des oiseaux, ils inventent un cortège pour la beauté. Des os sur le gravier, des mouches passent dans l’ombre entre les pattes fourbues et arrachées à la quiétude, les enfants ne verront pas la fin de ce voyage sous les branches, dans la chaleur avancée.

VII

Les oiseaux tordent les branches et les nuages passent au loin, la vie est simple et facile, s’asseoir et voir couler l’air entre les cailloux. Rien ne vient de cette solitude, les passants passent bien loin et ce qui chante sous les feuilles dans ce jardin reste en écho, le monde devient pierre et construit un abri, la tourmente viendra bientôt pour mordre les errants, le monde est étroit et remplit les orbites dans ce jardin clos et petit et passe dans le ciel un cercle jaune et rose.

VIII

Le matin, respire sur les cailloux les cœurs mouillés de branches qui pleurent le doute et font trembler. Dans cet asile de lumière les regards sont tournés sur l’avenir. Sur l’espérance et dans le doute, le vent tourne faiblement, le chantier de pierres sages respire l’âme. Le silence répond au silence, les petits sont bien partout. Il pleuvra sur les cœurs et ils seront dans l’escalier, les aventuriers de l’incertitude.

20 Avril 2006.

1 commentaire:


  1. Voix lointaines, bruissement d’ailes, la mort éclipsée dans un sourire tombal. Soleil froissé, la vie dedans, un rayon en extase. Le ciel est rayé de couleurs printanières, la plume à l’œil, l’encre au cil. Un nuage passe au loin, là-bas là-bas, un merveilleux nuage. La porte est refermée sans serrure et sans clé. Le jour nait.

    Lèvres entrouvertes, une bouche rose avale la cendre, le feu éteint sommeille dans l’ombre. Le silence grandit, la terre s’étire ses graines respirent, l’humus est si tendre, confidences du jour. Sur la pierre nue au soleil « el lagarto y la lagarta con delantalitos blancos* » saupoudrent le matin de sucre doux.

    Le bonheur installé dans le jardin frotte les peaux, peigne les cheveux et ouvre au grand jour le visage de ceux revenus d’entre les limbes. Les arbres disent le monde, leurs doigts tissent l’air, pétrissent les corps d’argile, l’émerveillement, l’étonnement et la gratitude.

    Couleurs d’or, les nymphes au jardin dansent sous les feuilles, enflamment les regards. Leurs ombres passent vite et s’enfuient sans qu’on puisse les saisir, libres elles illuminent les âmes sorties de la nuit. Fragilité du jour, comme du verre. La soif, la faim, le désir.

    La joie est là, dans la terre, dans la graine éclose, sur les genoux du jour au cœur du sablier. L’amour nait d’entre les pierres, la raison griffe les fleurs au cœur, suave agonie, la vie, le rêve éclot dans la brèche d’un pétale.

    Les oiseaux sont de passage et enlacent la beauté. Ils sont piétons du jour, chorégraphes éphémères de l’éternité. La vie, la mort, amantes du premier jour, l’enfant le sait sans même avoir vu leurs bouches avides, leurs cœurs gonflés, leurs corps de terre et d’eau.

    Les oiseaux, les nuages, les cailloux, les branches et les fleurs, rien ne vient perturber ce silence, cette solitude bonne et généreuse, cette lumière bienfaisante qui éclaire en grand le jardin offert. Morsure du jour dans la chair fertile, goût de terre dans la bouche. Naissance.

    Au commencement, le jour, l’humide, le tendre et le bruissement des feuilles. Larmes de rosée. Pluie de lumière entre les branches. La joie. La vie aujourd’hui. L’avenir. La confiance et le doute. Fragments étincelants de vie ici et là.



    *F Garcia Lorca

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