mardi 16 avril 2019

Les ombres en tournant.

Aux questions des réponses, des succès et des échecs, la route est longue, le temps plein : d’énergie, d’émotion. Ils y restent. Du plus loin à venir, la rencontre de l’un, des riens, des incertitudes, le gouffre amer, la pente noire, le bien pensé de l’autre. On le redit, on chante, on exulte, il y a des efforts, des contraintes, sur le si long parcours aux pentes noires. Ces étrangers sont à la trace, leurs remords couvrent les oliviers, les arbres tombent : où sont leurs branches, où s’évaporent les amandiers, où se ferment les oreilles, où sont partis les cieux comblés de doutes et de nuages.

Un passe et un passe, une échancrure d’éternité, la nuée les trace sur les herbes, aux champs perdus, ces étrangers courent sur la terre entière, sur le grand vent, sous les chantiers, ils se posent, ils déploient les flammes, les drapeaux, la vie avance, le sol est lourd, leur pied est une offrande aux absents. Le regard est perdu, derrière les verres éteints, derrière l’étonnement : les sarcasmes. Le temps est long, on tourne et rond et grave sur la pente, sur le sel, le monde court, ce monde tremble, sa liberté arrive, le temps est aigre, d’une fraîcheur, d’une fraîcheur, sans pitié.

Au loin, leurs serments sont impossibles, ils les tiennent, deux mains, deux pieds. Deux jambes franchissent le sol éclaté. Ils affranchiront, ils s’affranchiront, ils iront, ils y seront, sur le sol, sur le dos, pour entendre la vie en marche, la clarté tendre, la bienveillance. Leur mémoire franchit la rive, ils iront loin sur les cailloux, dans l’herbe sèche, pour entendre et pour dire la bonté du monde. Pâleur, effroi, tout est en place, le monde tourne pour eux tous, sur leurs façons, sur leurs baptêmes. Ils ont franchi leur dernière chanson, ils ont perdu pour eux la raison, sur les cailloux, tout le fil.

Ils ont perdu, la fièvre, ils se tourmentent et disent encore : il faut faire, il faut monter, construire, échelonner, toucher de l’œil les habitudes, tendre le pied sur les eaux noires, le col levé, le sourire en face. La vie est tourmentée, claire, crue, si évidente, pleine et comblée de ciel et de cailloux, démontée, sans attendre. Ils jouent, frémissent au loin, ils devancent les solutions, le rien pour la forme, ils s’absentent, ils sont perdus, ils se parlent et ils attendent le miracle, la certitude, le regard aux rochers, la pluie tournant, les aveux, ce qui va bien, ce qui va mal, les ombres.

Sur la route noire, le rien, le vide, ils sont perdus. Ils avaient à faire une rencontre, un point sur l’eau, un regard mûr, la volonté, sous les fenêtres : le grand vide, la solitude, ils se trouvent, ils se donnent la peur, le vide, sans solution, discontinus, interrompus, ils se harcèlent. Mouches noires sur le devant, rien dans le cœur, tout en arrière, tout reconnu, tout inventé et maladroits et impossibles, ils se sont perdus pour longtemps, le temps est pâle, la nuit fut longue, le rire est parti pour ce jour, ils comptent les heures, les tourments, la vie trop brève, le temps long, les mots.

Les tournures inversées, le bien pesé, le mal compris, des erreurs à la suite, une hirondelle sur la rive, un regard perdu, sur les questions, pour les réponses, il y a trop de mal à dire, trop de rires méchants, trop d’angoisses perdues dans le sommeil, quand rien ne tire devant les yeux le voile noir, le voile perdu des difficultés, le travail, les commandements, la règle. Il faut vivre et abandonner le temps aux psaumes, aux absents. La vie trop brève, le temps trop long, la difficulté, ils en sont à dire : le temps est long et tout va vite. Rien n’y sera, rien n’y pourra, le désordre est.

19 Août 2010.

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