dimanche 21 avril 2019

Pour tes enfants.

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Au lointain, calme, il se maintient, il cherche et trouve une espérance dans l’épuisement, dans l’abandon, il se confie et ne force plus rien, il est seul et il boite sur la route.

Ils sont abandonnés et perclus, pauvres parents meurtris, l’héritage est une menace, ils se tueront, ils se donneront du bâton, de l’angoisse, ils sont affreusement marqués et stupides, leur jeune vie est une illusion. Il détache chaque syllabe, il ouvre la bouche, l’air sort, le son frappe les narines, tout est ouvert dedans et tout résonne contre les os, le crâne est rond, la bouche entrouverte, les sons frappent les os, ils tournent et s’appuient entre les dents, au fond, le visage est fendu.


Ils sourient et posent sur l’air qui passe, leur fardeau, leur poids de misère, pauvres parents perdus sur le devant, sans rien entre eux et leurs enfants, l’héritage seul, seulement. Ils ont entendu, Marie des sous pour nous, pour les petits, du poids d’or pour mettre dans l’escarcelle, vieillerie pleine d’or et de sang, ils frappent leurs parents, ils ouvrent la bouche, le veau d’or est dedans, ils ont une obole où passe l’air, entre les dents, cette petit enclume elle soutient le vent et mord dans l’air, un caillou toujours posé, dans la ceinture, il serre et il se déchire.


Les parents sont éreintés, père des sous, mère du temps, du remords et surtout rien de nouveau, des sous et des cailloux, une fortune pour souffrir un aveu, j’en veux encore, Marie, des sous pour son enfant, pour s’y blottir, pour s’y blottir, bien loin, bien loin du thym et de la sauge, dans l’air jaloux, dans la rancune l’air souffle sur cette forge, entre les dents le son est fait, il ne pousse pas, il y est, il laisse vibrer, il abandonne, la force est inutile.








 






















Les enfants meurtrissent les parents, ils dévoreront ce qui reste ils dénoueront les liens du sang un à un, un à un, plus de liens, plus de sang, des étrangers, des étrangers dans l’air qui vole, dans le remords, dans l’air qui passe entre les dents, ils sifflent, ils appuient, la ceinture ceint un caillou, il meurt à chaque souffle, le poids est lourd, il est trop fort, ils se serrent et articulent, le vent dans la bouche, la force à la ceinture, un effort vrai mais loin, bien loin, très éloigné de cette forge.


L’air est jaloux, il passe entre les dents, il passe dans la bouche, bien au dessus des cailloux, bien au dessus de la ceinture, il vibre sur les portes ouvertes, il tourne au soir venu au fond de la bouche, entre les dents les plus fortes, l’air jaloux tourne et s’écrase, entre les dents, entre les dents, il frappe à la fenêtre ouverte et vibre dans les carreaux, la liberté est cette certitude : la force est nécessaire, mais loin, bien loin de la forge.


Le cadre est dur, la vérité est la liberté et sentir le caillou dans la ceinture, il blesse à chaque souffle, il est toujours perdu, il faut penser à perdre et ne jamais se remplir, l’air doit sortir, sortir, le souffle est à l’aise, une ceinture et un caillou dedans contre la peau pour sentir, vivre, pour être bien, pour mordre l’air léger.



Les parents souffrent, l’air circule, l’héritage est une torture, il souffle son souffle entre les dents et l’air pose son fardeau, ils sont blessés, les enfants ont mordu la main, le lait ne coule plus, l’air passe entre les dents. Marie des sous pour tes enfants, au lointain, calme, il se maintient, il cherche et trouve, une espérance dans l’épuisement, dans l’abandon, il se confie et ne force plus rien, il est seul et il boite sur la route, un caillou dans sa ceinture. "


  23 août 2010.
 
pierre a dit...
 
Si ténus, si aériens, les dessins...
D'un fil d'Ariane tissant et suivant le chemin des mots.

Très poignant, Chère Maria, cet alliage du trait et des mots.

10 juillet 2011 à 10:48

Anonyme michel, à franquevaux. a dit...
En mots, aux yeux, des images, sur ce fil : trois cœurs.
10 juillet 2011 à 11:50


2 commentaires:

  1. Ils posent leur fardeau à l’entrée du jardin, ils ont blessé leurs pieds et mordu leurs souvenirs. Ils ont écrit leur marche, le frisson de l’instant, le doigt de la vieillesse et le rire des moissons. Ils marchent et ils s’en vont, l’un boite l’autre pas, et ils accordent leurs pas au son de leur raison.


    Joyeuses Pâques cher Michel.

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