vendredi 12 avril 2019

Saura-t-il recommencer.

Saura, et rampera-t-il, disloqué, coupé, efflanqué, le tour du monde le brise et l’étreint, le calvaire, la solitude gagnée, le calme est nouveau. Sache et rampe et contourne l’obstacle et fourbis tes armes et peins d’un regard noir le ciel et l’onde, il te faut de la souplesse, du charme et un rien d’alanguissement pour tourner un pied sur le pavé et chanter en cadence : le sombre éclat, la plainte sans mémoire.

Il est frisson et joie sur la planche si ronde, la courbure le tient, il est au pied du mur, il donne du serment, il conte les souffrances, il est revenu de bien loin et ouvre enfin son cœur.

Le long, long chapitre, la grande, grande mosaïque, il fourbit, il fait luire et dompte des seigneurs et rampe sur : le temps, la complainte, le râle, le tourment. Il se démet et offre le partage à eux tous, tous émus et frémissants et tendus en bannières, sur le corps : des orages, sur le devant : il est plaintif, il rampe et il sait, il se noie et domine et respecte chacun et confirme l’espoir, la solitude aide, le calme est impossible, il est frémissant, frénétique et redouté.

Il sait, il sait, il rampe, il marche sur un fil, il déroute le ciel, il bat d’une main puis l’autre : l’onde et ses naufrages et les grandes marées, il cherche et tourne sur le fond les algues, les raisons, les traits de chaque fois, de chaque vie éprise d’une autre pareille, et mouvante et cinglante et folle, il se repose et bat une main et puis l’autre, il chante et se distingue, il grimpe et recommence, il bat sur le devant l’eau d’une main, d’une autre, il attend, il sait, il saura, il savait, il marche et court et puis d’un simple mouvement rampe, il cherche dans les algues un parfum de sincérité, il faut se sauver, il faut imposer le déluge, la pluie est bienvenue encore.

Au fait, la simplicité, le don de soi, la correspondance des fleurs et des objets et les sentiments profonds, il s’en détourne et boit un peu plus, un peu plus de mer et de beauté, de larmes et de cailloux. Il a marché, il a rampé, il a tourné, tourné et cru les étoiles, les plantes, il est ferme et droit et il invente un air, une cigale, il chante, il finit un peu de temps dans la sécurité, il invente, il se flambe, au vent de loin, debout, il accompagne le regard de tous vers tous, de la lumière à l’ombre, du pardon à la simplicité.

Il cherche et trouve une fleur, un bijou, une chapelle : il y flambe sur terre, il y écoute l’air, il caresse le temps, il se déploie et crie. Un temps, des choses inutiles, il est frappé de stupeur et de joie, il est muet, sans armes, sans bagages, avec un tout petit peu de simplicité, il comble, il comble et il inscrit une chose après l’autre, inutile et fragile, une grande simplicité, une belle sécurité, il offre le déséquilibre et charge ses années d’or et de pureté.

On sait, on rampe, on se frôle, on est surpris et gratté partout, le sable embrase, la lumière est cruelle, la bouche va mordre, elle a mordu, il rampe et il sait : sache-je votre vie, poissons fuyants, monstres secourables, frénétiques et beaux, enveloppés de bonté.

La vie est construite, le calme est une réparation, il se donne des airs de brave, il change, il a raison. Il garde sur la main les traces des affronts, il a été tordu, volé, piétiné, il a eu du mystère, il a beaucoup parlé, il est maintenant perdu et sans voix, il rampe et puis il sait, il est tombé, il a fui, il a marché, il court encore sur le sable, le soleil le retrouve, il est perdu et il perd ses sens dans le brouillard du loin, dans la plus grande joie, il est immaculé et il transpire de ferveur.

Des étoiles, des plantes, il est ferme et droit et il invente un temps à perdre, un moment à récupérer, il est parmi les eaux, il est où elles s’assemblent, il n’évite plus rien, il en est à recommencer.

17 Août 2010.

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