dimanche 7 octobre 2018

Retour d'air et de vent.

Le seul est là, dans l’ombre des syllabes. Il attend et entend le souffle du vent. Ce vent venu des mots de Michel Chalandon, de ses mots air, de ses mots chair, de ses mots libres qui mordent le ciel et griffent les clôtures, caressent le visage des lecteurs de passage. Le seul s’abandonne à la lecture, et se cherche dans les mots, se noue aux phrases pour atteindre le ciel empli d’air et de vent, d’amour et partage.


Le seul repart heureux pour un nouveau voyage en écriture et griffure sur la page du vent. Il trie et regarde, et garde et jette, et revient, et retient le temps. Il ouvre les cailloux et les grains de poussière… les visite, les invite et les revisite. Il en fait des boucles ouvertes, et défait les clôtures sur l’herbe chaude et les fleurs écloses.

Le vent se brise dans l’œil de la lune en cette nuit emplie de sève et de l’or du temps. Les arbres geignent, ils gémissent dans l’air chaud au goût de miel. Les âmes s’accrochent aux branches et l’on entend leurs voix sur les fils du vent, il siffle et souffle et gratte et claque des dents. Le vide inexprimable à l’âme et tout autour, à tomber l’existence, à tomber le fragile et le miracle. Des chants montent des poitrines chaudes. Des chants libres, des chants utiles, des chants purs pour ensemencer la terre, le monde et le temps.

Le seul est debout, il jette au ciel ses notes d’espérance, ses paroles de souffrance. Une voix s’élève et dit dans le silence son âme fragile, ses mains agiles et son cœur docile. Une hymne qui chante la sentence d’un coupable en errance.

Le vent râpe, gratte et arrache la peau de la terre, la chevelure de l’air, les paupières du ciel et les cils de la mer. Il avance et dicte, et recommence sa danse dans la confusion et la joie. La peau de la terre est emportée par le vent, alors la terre refait peau neuve dans ce monde dépouillé où sa chair reprend forme, chair de pierre et de marbre.

Il est là seul et il va où il n'y a plus de sol ferme. Il livre bataille aux démons de la mort et entre dans l’éternité, seul et dépouillé, il va dans l’air et le vent… il va… .

La vie est là… dans le vent et le souffle, dans ce souffle de l’âme… il avance et espère, il avance dans le silence qui le porte devant.

Maria Dolores Cano, 7 octobre 2018 à 11:23

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