jeudi 11 octobre 2018

Retour de ruine.

Comme un étourdissement.

Après le déferlement de cette nuit de carnage, à force de tourment, à force de résignation, à renoncer par peur, discernement et frayeur, les amarres brisées par tant d'accablement, il ne reste plus qu’un gémissement, un soubresaut au cœur de l’humain prêt à amnistier.

Les mains cherchent les accords dans une partition de gravas. Elles griffent les notes de leurs doigts de lumière. Elles arrachent la terreur, la douleur, la fureur. Sous la lampe glisse la voix d'un ange, et une lueur d’espoir.

La cruauté s’engouffre dans le col et frappe le pied, lacère le dos, arrache la peau et broie le cœur. La main tendue dans le silence essuie les cris de désespoir. La main tendue dans le silence supplie, demande et se lamente "Fais-nous revenir vers toi (…) Apporte-nous des jours nouveaux comme autrefois…"*

Les ténèbres partout en eux et hors d’eux, et la lumière par-delà les ténèbres. De leurs mains tendues et leurs doigts de fil, ils tissent la nuit et happent les étoiles, pour les offrir et sauver du carnage.

Dans l’ombre les yeux devinent les craquements de l’intérieur. Tout est secoué et convulsif. Ils s’agrippent aux lambeaux de la vie pour regarder dehors, et tout est pire que jamais. Tout est déchaîné, anéanti. Le vent hurle et leurs cris, leurs pleurs surpassent le vent, déchirent les cœurs et disloquent les visages. Tout est lacéré, exterminé et perdu.

Les yeux et les âmes plus pâles que jamais… les corps et les cœurs en long, en large transpercés… les bouches crient l’épouvante de tant de carnage jeté à la figure… les mains se tendent vers le ciel… les mains se hissent et supplient… où sont les étoiles … ? …

Maria Dolores Cano, 11 octobre 2018 à 11:32

* (Lamentations 5:21).

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