vendredi 12 octobre 2018

Un poids. in « Le poids ».


La pointe, la pointe, du pied, d’un pas, vers l’autre, et il recommence, et il se hisse et il se hausse, et rêve, un cheval mené de la pointe du pied vers la mer, et le sable, et partout. Il avance, et espère, et avance, et défait, et remet, et pose, et recommence, il renaît. D’un jour, l’autre, il fuit, d’une heure, d’un espace, de rocher en rocher, de gravier en gravier. Il avance et tourne le poids du corps sur la pointe, la pointe, du pied tordu et ramassé, il est sur un cheval, et face à la mer, il entend le carnage, le carnage, toujours en face, en face, sur la pointe.

Il avance vers la mer, et il avance dans sa vie, et il espère, et recommence, et tente une histoire, sur le bout du doigt, sur le bout du pied. Il chante, il espère, et recommence, du ciel bleu sur les épaules, et de l’espoir dans le regard, de la vengeance à la semelle, et du froid sur le cœur, et la main sur la canne, il marche vers le ciel, et entrevoit l’espérance. Il est en haut sur la pointe de la vie, le cœur sur le revers, de la main et du pied, et il tend l’oreille vers le silence, vers la froidure, et le repos.

Le pied roule sur le chemin, dans les graviers, dans les graviers, sur chaque pierre, sur chaque obstacle, sur le nouveau et le parfait, l’infini, il aboie, il appelle, il réclame, il recommande et il prie les deux mains tendues vers le ciel, jointes en haut, et en souffrance, et en attente du renouveau, du pied tendu, de la marche roulant sur chaque pierre du chemin, le cœur en grappe, la canne plaque la chair ferme. Il étend les mains sur l’air pur, sur le ciel, les oiseaux passent entre les doigts, sur la rampe, le cœur explose, la confiance enfonce un peu plus d’air dans le cœur, dans le corps, sur le nez et sur la bouche. Il pince l’air, et il avale, et recommence, et enchante, et espère et il revient sur les cailloux, sur un cheval face à la mer, et le pied roule sur les cailloux, les plus petits, éclatés, brisés, perdus, et sans espoir, et sans avenir, sable et eau, et eau et sable, et il monte sa tête sur le dos d’un cheval.

Il rêve et recommence et il apparaît sur le dos, et il espère sur la rive, bien loin, bien haut, bien loin, et si près, et si loin, et il souffle sur le chemin, et il avance. L’allure est tranquille et il avance, à travers le temps, à travers le ciel bleu et pur, la saison est encore chaude, et les cailloux roulent sous le pied, et sable se promènent sur les épaules, et il avertit, et commente, et espère beaucoup, beaucoup des anciens, des nouveaux, des désespoirs, des retrouvailles, le temps se choque, le temps s’embrase. Il avance, et voit du temps, bien loin, et si près maintenant, et hier, et tout recommence, et la boucle tourne, et les pieds roulent les cailloux sous le poids d’espérance et de renouveau du monde ancien qui passe et repasse, et se défait dans le ciel bleu.

Il dépose sur le sentier un poids trop lourd, le fardeau pèse à l’épaule, le temps ancien est revenu, lavé de sueur et d’orage et de vent frais, le jour envoie les siècles en avance. D’un pas vers l’autre il recommence et les années sont sur la peau, sur les épaules, le poids du temps dans l’air si bleu, il avance et rêve sur un cheval d’écume et de caresses. Il avance le cœur léger, les rêves lourds, l’air sans souci, les yeux dans la nature, le poids du corps sur la pointe de chaque pied.

Sous le fardeau, il perd l’avance, il installe la lourdeur des choses simples dans l’espace, le regard sur le ciel, si bleu, la mine légère, sur la canne. Le poids des choses s’équilibre, le passé visite aujourd’hui et demain, et il envisage, la fin des temps et des sanglots, le poids de l’herbe sur la pente. Un cheval court sur les étoiles et il recommence, un jour de plus, un jour nouveau.

29 Octobre 2007.

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