Il faut un peu de nuit pour accrocher au ciel les étoiles à pleuvoir sur le bois épais et fleuri. La marche tranche dans les blés une espérance. Les yeux sont fatigués, à l’affût sous les arbres, les cloches abondent dans le panier de la mémoire. Le retour sous les nuages, la faim dans le ventre, une soif de cailloux et une horreur dans le coin. Les cheveux font dans l’air le soir pencher la reconnaissance. La solitude, jardin venté dans la lumière, bougent les branches, le vaste paradis se transforme, échappe sous un remord de volupté, la branche est agitée, ses écarts sont en mesure, la furie et le cœur donnent un espoir, un parfum de crainte et de sang. Le vent balance loin les ombres sur le mur, les oiseaux en secret tentent un départ, se retournent sur la branche de figue, les ombres se mélangent et dansent sur le mur, la chaleur à point, grave sur la peau une couronne de traits, noircis de vengeance, collés de stupeur, rêverie en silence. Les grands arbres se couchent dans le calme des dormeurs, faut-il rester dans cette oisiveté ou gratter sur la peau un rêve de mésanges, une espérance de bonté et d’ardeur, enchanter toujours. Les pauvres sur le tard tordent dans leurs mains sales les cheveux de la loi et du renoncement, la vie se déplace, odeurs subtiles et traces, sur la peau une ride de plus. Les grandes branches dans l’air chaud : une escorte pour les heureux foncés au soleil, les rêves déplacent les jours, croisent les parfums de la joie. Le printemps en silence, siffle sous la feuillaison, dore la peau encore intacte. Le froid vient de partir et portera au loin son âme de voleur et son cœur d’assassin. Les fleurs se cachent, un adieu dans le secret. Petites fleurs, grimpez sur le mur pour dire sans trembler, il fait bon, il fait beau, le chaud vient à point pour mordre sur la peau et rendre la folie aux charmeurs et le muguet à l’horizon. Il tourne et recommence ce vent qui chauffe le visage et arrache les choses au plus noir du souci, à la plus longue plainte. Le bonheur s’installe et remplit des paniers de fruits à mûrir et de légumes, la vie est en avance et chante pour les isolés, les perdus, ceux qui ont si longtemps marché dans le froid et l’ennui. Les amants sont cachés et dorment sous le ciel chargé, jour d’étoiles et de stupeur. Ils tournent sur eux même et donnent aux oiseaux un concert de plaisir et une variation sur le passage du froid au chaud, de la mort à la vie, du poids à la légèreté. Le vent remonte l’horloge et pèse son ardeur sur les feuilles qui tremblent. La vie commence et chasse le regret, les lueurs, milieu du jour dansent sous les toiles, elles sèchent sans effort dans la circulation, l’air apaise et console, les pleurs seront taris et la mer va ouvrir aux passants ses vagues de sentiments. Les bras sur les épines, les pieds sur la pierre et les yeux au soleil, la nuit se fait et range les démons et les chiens dans la boîte des souvenirs. Après ce beau matin, après ce beau midi, viendra ce soir la lune la meilleure pour dormir dans les draps de la vie.
18 Avril 2006.
18 Avril 2006.
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