dimanche 30 juin 2019

Enfants à la rive. (scène)



Il incline et balance au loin, sur la rive, sur l’étang. Enfants, ils jouent, ils jouent, ils se déplacent, ils sont unis, ils sont enlacés, sortis de la fraîcheur, un coup porté sur le devant, sans rien en dire, sans rien en faire, toujours porté haut, devant, le coup sur l’aile, sur la main, sur la joue.

Ils perdent, le corps est tendre, et tendre la fraîcheur des yeux sortis de l’eau, de l’écume. Le vent levé, la brise souffle, la peau tremble. Il est grenu et embrassé et retenu au col, au pied levé, sorti de l’onde sur la rive, perdu au loin, dans le premier souffle du vent levé, il porte haut, il porte,

le cœur à l’aise, enfant levé, sorti de l’onde, sur le devant, dans l’eau claire, il est éclairci de fraîcheur, de sûreté, de mains transies, de beauté froide, il boit au col même, au col, la main se lance et évapore, le bras posé, la main défaite, la voix claire, le teint sensible, la vue ouverte, les mots

sans suite, le cœur offert, il se tourne et racle au sol le pied perdu, la main ouverte. Le pied perdu, la main ouverte, le cœur lancé vers l’autre rive, vers, sur, il est sensible, il est pareil, et vers, et sur, il se retire, il est tendu et sans entraves. Il est défait et délacé, il est encerclé, courageux, grand,

et sans remords, sans rien sur la main, le pouce, bagues ni lacets au poings, il n’est plus fauconnier, ni page, ni souffleur de verre et si câlin et si tranquille et si redouté des oiseaux, il lance, il lance et se retire, des pierres dans l’eau, l’étang se brise, se défait, il murmure l’avenir dans le bruit

et dans la révolte, le caillou a fendu la rive, déplacé un peu d’air, déplacé quelques souvenirs de pieds usés par les cailloux, de cœurs tremblants au matin sombre, des pieds dans l’eau, des cœurs donnés, des images de peaux en graines, le vent du matin se contente de pointer le jour et attendre,

attendre la peau en graines, en semences. Ils sont rendus au bord du temps, au bord de rien, rien ne vient et ils détendent les mains pleines, les mains tordues, le calme est incertain, ils oseront, ailleurs, plus loin, plus tard et ce matin passe et passe. Tamis, tu te remplis des grains du temps,

des grains de l’âme, la peau et l’âme et les cailloux, les brisures, le calme éteint sans étreinte, sans rien dedans, ni pleur, ni cri, ni rien encore. Le temps venu, le temps parti, le retour lent et calme et y songeant, pensant encore au bord de l’eau, au bord du temps, dans l’étendue, le partage, les grains.

Le froid, le matin, la guerre au loin se calme, il était sorti du bain, il étendait la main sur l’herbe, il voyait loin, il espérait, les pages tournées encore, il y donne la peau fleurie, les grains tendus. Ils étaient partis pour se dire, ils se sont tus et depuis tout parle d’eux et de leur temps, leur peau

silencieusement fleurit sur l’eau, fleurit encore. Ils sont passés, ils ont compris et pour longtemps y pensent encore.

24 Juillet 2011.

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