dimanche 9 juin 2019

Hiver sans manches. 6


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Je demande encore si ce corps, ce visage sont bien du même, ô pareil et tiens, le même et figure toi, que j’attends, que je souhaite, que je souhaite et que j’attends, j’imagine et défais un visage après l’autre, ce qui fut grand, ce qui fut immense, ce qui fut à moi, de moi, pour moi, cette forêt d’arbres et de sentiments, perdus entre les feuilles, entre les branches, sans lendemain, sans devenir, sans devant.

Il faut encore voyager, sans arrières, un visage perdu, retrouvé mûri et décharné, j’ai perdu de l’enfance, du jeune, jeune temps, du souci, de l’angoisse, et j’ai perdu sa fraîcheur et ses qualités, fleurs blanches et roses, il annonçait le temps, il annonçait la vie simple et tranquille et tout ses jours, ils sont ici et là bas perdus et embrassés et ils manquent au compte des nuits et des semaines, un matin après l’autre.

Du pain frais et du silence, et il est offert et il se demande : du pain frais et plus d’oiseaux, plus de cailloux, le pied ne tourne pas, nous sommes au spectacle et deux yeux et deux larmes maigres, si maigres et du sentiment, de l’abandon, une joue contre le pied dans la chaussure, la peau contre la peau, le sel sur le devant, les yeux perdus et l’escalier : il monte, il descend, il est perdu, il recommence et ce fut.

Un temps perdu, un temps si long, une orientation si chère, la vie commence et il se perd, il est perdu, il ne comprend plus rien, pauvre, pauvre, perdu sur le plancher, la joue contre le cuir, retournée, les yeux en pleurs et deux larmes maigres, maigres, si maigres, opportunes et secourables, c’est vous qui me sauverez, vous mettrez sur mon cœur le poison, et la docilité, toujours j’obéirai, tout je donnerai.

J’ai déjà offert et toujours, et sept et dix et vingt et trente et le cœur bat, il bat, il bat, il est une imposture, je souffre et je n’oublie rien et je ferme les yeux, la joue sur le cuir, la peau retournée, le cœur bien loin, bien loin, tendu, perdu en souffrance et en souffrance, souverainement moribond, implacablement en défense, la servitude est immense, le ciel est tombé sur le mois d’Août, la vie est rayée, cœur perdu, le cœur a fuit.

Il est ouvert, il me bouscule, il se reprend, il débranche la forêt même, en silence, en portée, il est à dire, je souffre, je souffrais, je suis fidèle, ô quel que soit son déguisement, il revient, il est là, perdu et si absent maigre et maigre, ô rendez moi le géant, fermez vos yeux, débroussaillez le ciel, il est en retour, il pleure deux larmes maigres, si maigres, souris perdue, souris, du jaune, du bleu, la poussière de l’au revoir.

Rayons, griffons de la perte et de la rayure, arrachons le cœur et les poumons, les fleurs blanches et roses en gouttes, en taches, sur le cœur, sur la peau, au devant, à l’arrière, sur le cœur tendu, tendu si haut, jamais offert, mais présenté, une rayure sur le contrat, il est en défaut de jours et de jours de labeur et d’absence, de vie perdue et d’espérance et la vie même a coulé, les formes ont perdu toute la trace.

Je demande encore si ce corps, ce visage sont bien du même, ô pareil et tendu, il trace sur le devant, sur l’arrière sans fin, il avance et il me met, au cœur content, au cœur, au calme, une révolution, je suis plus jeune, je suis plus tendre, je demande encore, je vis un peu plus fort, un peu plus beau, je suis perdu et sans attache, sur le sentiment, sur le souvenir, je suis servi, je demande la grâce et j’obtiendrai le repos.

29 Décembre 2010.

Avec Maria Dolores Cano, ici et .

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