Le jour apaise le risque, les feuilles balaient la soif, le vide que l’on fait clôt le rire. La lumière s’en va dans l’ombre, l’eau se cache, le lys fane, le souffle se dit. Un air de liberté cherche le monde. L’espérance, le regard, la fraîcheur reprochent sa douceur à la peau. Le vent chargé arrache les arbres morts de soif. Les marcheurs, le sommeil interrompu, le souffle mouillé par le ciel et la terre, cherchent les buissons, et avancent, pèlerinage lent qui emporte les chèvres et les chevaux. Le bord de la route est partage de l’eau et du feu, la mémoire et le grain s’envolent, poussière échevelée, mouture du présent, or de la fournaise battante. Sabot qui pousse sous la corne, un veau rêve d’or. Le sacrifice abat les arbres qui gardent dans leurs feuilles le royaume et les privilèges des petits enfants.
Le vent a raconté une histoire de guerre.
Le grand arbre se couche, la vie est fauchée. Le froid dit cette aventure, la lampe se rallume, le grillon siffle. Dans les chambres fermées on chasse le courant d’air. La moisson a changé, le sable se tasse, la mer est un hiver, le buisson fleuri plusieurs fois se couvre. Les fleurs blanches coulent lentement, le frisson se mélange au retour du soleil, le ciel bleu est un naufrage. La pierre d’été ne chauffe plus le lit de l’amour, le vent se calme, les fleurs vont relever la tête. Le bain nettoie cette journée d'orage. Les arbres sont tombés, les petits enfants pleurent, après la pluie la fête a cessé. Il fait froid pour longtemps, une saison meurt. Le plâtre se décolle, les maisons seront bientôt la terre du jardin. La rouille vient très vite, le chemin a bu l’eau qui se gaspille et pourrit dans les mares. Les oiseaux ont volé entre les gouttes, les feuilles lavées de la pierre, le feu viendra à bout de la plainte obscure, de ce mal qui irrite les cœurs jaloux. Celui qui est parti viendra, changé en boucle de lavande et romarin bleus. Il faut cueillir les fleurs de l’été bousculées par l’orage, flétries par le souci, lapidées de souvenirs. Les gens ne changent pas, il faut résister, les méchants sont aimables quand reviennent les flèches du beau temps.
Les rires obligés décorent le retour d’une chaleur qui les vaut bien.
18 Août 2003.
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