mercredi 7 août 2019

A Franquevaux.


Voici le grand espace, on joue du silence, la peur résonne et fait trembler ils vont et ils y viennent chevaux et bêtes, tout ensemble sur leurs pieds comptés et dénombrés, crinières et toisons redoutables et sur le dos et sur les flancs le poids du pied, les cavaliers et les bergers sur le dos, sur le dos,

les bêtes rassemblent, ils sont époumonés et pleins, pleins de rage et de faiblesse, ils courent, ils ont couru, ils y seront, au pied, au pied des chevaux et à la trace des bêtes. Ah, oui, ah non, ils y sont et sur le dos, les pieds aux flancs, le parcours et les habitudes, le vent aux oreilles et la clarté

au fond, au fond des yeux, ils tournent et se bercent en avant, en arrière sur les chevaux face aux bêtes, ils avancent bercés et contents, gardiens et curieux et bien heureux au son, au son, à la jalousie ils se retournent, ils défont, ils cherchent et complètent un troupeau, un troupeau, une évidence :

les hommes et les animaux. Tout droit jetés au vent, au vent, ils osent la légèreté, le pied tourné, époumonés pour un jour de massacre, massacre les bêtes, les petits, les heureux, les inconnus tout est caché, tout est tu et tout se meut. Le siècle est admirable, ils se tournent les uns sur les autres,

à chercher, à chercher, et la bête et le carnage, le sacrifice, la fusion, ils sont étonnés, ils crient au loin, au loin, dans les broussailles, dans les arbres, les yeux au ciel, la bouche grave et l’air, l’air tendu de remords, la joie, la joie, la bouche grave et tordue, les cris, le rire, les yeux étincelants,

ils entrent dans le carnage et chacun comptera, le carnage, la toison rêche, les sabots fendus, le nez qui suinte et les oreilles frémissantes, ils sont dans une infinie bataille, dans une lourde volupté, ils rentrent, ils ont taillé tous les chemins, ils ont rompu beaucoup de lances, ils sont fourbus, l’un

ne sait plus s’il parle ou s’il lit, les yeux levés, la bouche grave et ouverte, que oui, que non, ah une cascade, des soubresauts, des aventures simples, des yeux rivés, le clou est emporté, les toiles défigurées, ils accrochent dans le sentier, ils se démènent et l’on pense, l’on pense, les rêves

sont ils faits pour être vécus, les secrets sont-ils à dire, et rêves et secrets, ils penchent et se balancent, en avant, en avant. Le monde est suspendu, la vie est éclatante, tout murmure et rougit sous le doigt sous les yeux, dans le départ, dans la concentration, dans le sentier, il grimpe, grimpe

et tout en effort, en toute obscurité ils les rejettent, ils fuient et poussent au devant, au devant, les bêtes, leurs toisons, or et vermeil mêlés. Les amis passent, ils avancent, ils poussent d’’une herbe à l’autre et goûtent et se respectent, une main sur l’épaule et l’autre un peu partout, où l’on peut

où l’on veut, ils veulent beaucoup et ils se donnent des sourires et de la verdure, les yeux en haut, les yeux en bas, sur le devant tout tient, ils se donnent, ils avancent, ils montent vers l’azur, le ciel bleu, le ciel bleu pour eux éclate, ils sont tendus et immortels et ils goûtent, tout et tout, ce qui doit

l’être et ce qu’on ne peut. Ils tirent un à un les fils de la vie, l’histoire est longue et simple, simple, les yeux, les rires, les combats, les défaites et ce qui a vaincu, ce qui a vaincu, drapés de toiles noires, les pères sont ici, ils inventent la vie et goûtent, ce qui doit l’être, sans hésitation, sans doute, précisément

ils sont convaincus, ils sont convaincants, le respect et l’ouverture. Nous nous sommes protégés et nous nous aidons et nous rassurons les uns et les autres, au devant, au devant, sans rien attendre, sans compter, seulement les pattes des animaux, les cavaliers y vont, ils viennent de terre,

de ces paysages, du ciel bleu si bleu et du vent qui pousse, pousse l’air qui déroute les uns et réjouit. Ils sont posés l’un avec l’autre et on se donnerait presque et on se dirait des secrets terribles et des rêves évanouis et tout tourne et tout bouge et ils se reprennent avant, avant le sanglot.

La jambe est bien calée, les yeux sont tournés et l’avenir vieillit.

09 Août 2011.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire