lundi 5 août 2019

A tisser.

Nous sommes la respiration silencieuse, le va et vient au monde, le métier tisse et va et vient.

Au point, à la reprise, le souffle est posé sur la chair, sur la chair, le regard porte au ciel bleu si pâle, sans poids, sans désir sans projet. A la reprise, le poids porté au regard, sous les ramures, dans le bleu pâle, le poids porté au loin retourne à la lenteur, à l’absence. Un vide, l’éreintement, le poids au côté, sous le cœur, dans l’absence le souffle est au poids, au regard tourné à l’extérieur.

A l’extrême fin, aux yeux arrachés et lancés sur les flots, un mot après l’autre, une pierre posée après l’autre, sur le tout autre, l’extérieur du monde, il tisse et compose, étend une toile, une liaison, le nœud, il est, il est au nœud, à l’oubli, la clôture est posée, le ciel est pâle au regard porté loin.

Au plus que loin, au-delà, nous sommes une respiration silencieusement lente, sans accroc, sans recours, une évidence, tout est imposé, la vie même, le tout et le devant sur le tout, sur le tas, berceurs aux crochets, nos filins sont accrochés, les câbles sont tendus, il flotte l’air, le métier tisse.

Un temps pour, et tout accroche, les toiles sont au vent, aux ramures, sur le sentier, la marche est lente, les yeux déroulent, déroulent, un fil, une toile, le monde est extérieur, tissé le métier tourne, le métier. Il est en vie et il arrache une bande, une bande de lumière, un éclat, au côté, le poids, compté.

Le temps, la mesure et silencieusement nous respirons, nous respirons. Au temps compté, aux côtés effondrés le poids est-il supportable, la vie lance un filet doucement, serons-nous pêcheurs d’âmes, de respirations lentes, une à une, serons-nous sur la barque pour affronter les yeux froncés, le temps pesé trop lourd, mesuré trop fort, trop large.

La vie est respirée. En sommes nous au point de la respiration silencieuse, au temps compté, à l’absence, à l’oubli, je coule dans le silence.

Dans le silence, dans l’absence, dans l’oubli, la lumière nous quitte. Nous sommes perdus sur nos chemins, nous sommes assoiffés dans l’air bleu pâle. A l’extérieur du monde, sans replis, sans toile, sans fils, au métier à tisser nous sommes mordus et absents, sans raison, sans mots, sans yeux.

Sous les ramures, des chansons muettes, une bouche ouverte et fermée, un lent, lent jaillissement, une pluie suspendue, nous sommes perdus dans la toile, perdus dans le froissé, perdus, le silence, le silence. Un lent jaillissement bat le sentier, la route, le temps nous glisse, la bouche est fermée,

et ouverte, un pli, un pli un froissement, nous sommes une respiration silencieuse, une ride encore, l’eau est troublée, le ciel est bleu pâle, pâle.

08 Août 2011.

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