jeudi 8 août 2019

En chansons.*

Un règne pour tous les oiseaux, ils ne s’arrêtent pas à l’ombre, au sanglot, le vent s’engouffre, à l’ombre on s’y torture, on se refait, on se commence et où finiront les chansons, ô, abrège et pour bientôt ces romances, il ne faut pas lutter, il faut couler encore et répandre au sol de pierres des sentiers,

des brins de métal, ta fortune engendre le soupir, ô temps suspendu, ô averses sans nombre et si le devant vient et si le devant tranchait. Sur le fil, sur le fil la complainte, ils sentaient le rhum et le melon et venez, venez mes frères me dire, me dire, adieu, ô temps suspendu, ô rêves évités :

sur le sommet sur la tourmente, nous marchions sur des pierres dures et douces à nos pieds, et les étoiles, les étoiles au ciel, avaient, avaient, ce que l’on imagine, un tout petit, tout petit frisson, une évidence entre ces signes, ils restent suspendus les oiseaux qui chantent dans le soir, sur la main,

sur le cœur, dans l’écart entre la vie et la mort, sur les chemins de pierres et les pieds blessés, contre, contre le cœur, où règnent, la mer, des îles et des champs, du sable à l’horizon et des chansons pour les yeux clairs, ouverts, pour les mains dans l’ombre. Le bois est une ombre propice, nos cœurs

avancent, ils sont pliures au loin, loin des larmes, des genoux écorchés, des rires de l’enfance, les complaintes, tes lamentations et le retour sur la rive, sur le temps suspendu, l’eau fraîche, les murmures et l’herbe molle, au ramier, et l’aneth et le myrte et le thym, songes impénétrables, lointains,

frissons au cœur et genoux écorchés, le pied roule sur les pierres douces, nous avons tant d’amour et tant de cœurs et des remous foncés et des vagues pour les yeux clairs, ils sont ouverts et nous cherchons, tant de rivages et tant de pierres et d’arceaux pour rouler, il y a tant de choses sûres,

tant de musique pour tes yeux. Il est fini, il se retire, il invente la cérémonie pour dire adieu, pour se reprendre et pour encore boire à eux, à leurs amours, à leurs mystères, au charme calme des jours heureux, tant de prières, tant de choses, de silences amoureux, tant de saisons et tant

de calme, il faut encore attendre un peu. Nous irons jusqu’au bout du monde attendre la fin de l’été, attendre, sous la ramure et recommencer les pas à deux. Le vent s’engouffre, nos mains sont pleines, nos visages sont effacés, nous irons voir la fin du monde, nous irons tant, pour le danger,

pour le regret des rêves trop sages, des liens tendus, des regards fous sur le devant, pour les entailles à l’écorce des oliviers. Le temps suspend et tout se transforme, finirons nous cette journée. La vie s’en va, ils chantent encore et ils pensent sous les feuillages, sous les nuages, tous les mondes les

ouvertures, l’extérieur, ils pensent, ils rêvent et ils se colorent, les dieux sont passés au ciel bleu, Apollon et sa lyre claire, tous il effraie et rend jaloux, ils se retiennent, ils confondent un doigt d’amour et la moisson, sur le devant, sur l’églantine les abeilles vont au présent, ils se regardent et

ils s’étonnent, finirons nous ce jour encore, sur la route, dans la poussière, sous les pieds nus les pierres aussi sont dures et poussent les feuilles mortes, déjà, et disparues. Le vent s’engouffre et ils sont calmes, ils resteront jusqu’à la nuit, le regard clair les yeux si grands la bouche émue.

Les doigts sourds, devant, sur le monde et sur son extérieur, ils feront la fin. Ils se donneront en chansons, à la vie pleine et aux abeilles, les sauvages, les arbres secs, devant tournent encore, il faut apprendre à s’envoler.

10 Août 2011.

*(Irène Nana Mouskouri et Harry Belafonte, Tyndaris Jacques Laplante, Ma bohème Vous-même, Guantanamera Nana Mouskouri, Mon village au bout du monde Joe Dassin, Les oiseaux dans le soir Georges Thill.)



Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Arthur Rimbaud





3 commentaires:

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  2. Je me souviens

    Irène : oui


    Je me souviens

    Phydilé : oui


    Tyndaris :
    ici


    Je me souviens

    Ma bohème :
    ici

    Guantanamera : oui, oui je me souviens

    Je me souviens encore

    La navette Apollo :
    ici

    Si tous les oiseaux :
    ici

    oui, je me souviens

    Mon village au bout du monde : je me souviens


    Ô ! oui, je me souviens


    merci
    ;-)

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  3. (Études latines, XV)

    " Ô blanche Tyndaris, les Dieux me sont amis
    Ils aiment les Muses Latines ;
    Et l’aneth, et le myrte et le thym des collines
    Croissent aux prés qu’ils m’ont soumis.

    Viens ! mes ramiers chéris, aux voluptés plaintives,
    Ici se plaisent à gémir ;
    Et sous l’épais feuillage il est doux de dormir
    Au bruit des sources fugitives. "

    ici

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