samedi 17 août 2019

Souffle en pavane.

D’un grand souffle on se distingue, et l’on ploie, sous les arbres, sur les herbes, dans l’air et l’eau plus loin, plus loin, on distingue penché, le souffle lent et vaste, la bouche ouverte et sans un bruit. Le temps est sûr, la vie construite on se détache et l’on entend, au loin perçu, un conte sur la lenteur.

Il est immobile, il est ployé, il entend et il cherche le souffle silencieux.

D’autres, d’autres pour voir, pour l’entendre, ils changent et se replient, ils se dérobent, ils sont brûlés et ils se tiennent plus loin encore, plus oubliés et moins vécus et pense-t-on et rêve-t-on, langueur unique, d’un chaud avant, d’un dur après, ils sont tenus et ils roulent aux pieds l’ennui et la poussière.

D’orgueil et d’espérance et de rires écartelés, ils finissent et tout ils laissent la vie, la vue, le court, le long et la grande plainte, dans le silence avant la nuit, dans la suite, en attente, ils sont sortis, ils sont tenus.

L’on se disperse, l’on enlace un grand, grand arbre, une rumeur et tout s’arrache : le poids, la main, le ciel et l’âme. Un regard, la crainte, le frisson et le creux noué, il se donne et il arrache une à une les espérances.

On renouvelle, on vit, on tire les cordes, le corps est agité, les cercles, il voit, il craint, il est noué, il est perdu et se détache, la main levée, le cœur tranquille, le muscle est noué, il a du temps trouvé, de l’inquiétude, du difficile à voir et à chanter, il est tendu, il est en nage, or et crin brûlent sous les pieds.

L’ennui, la poussière, les crans serrés, le temps, il cherche et il respire une fois, une fois et revient haut.

Sur le pied, sous le cœur, un cran de plus, une image encore, il tourne le vent dans ses doigts, il y pensait, il se retire, ardeur et bouche ouvertes, il cherche au plus profond, le souffle et les vibrations.

De joie, d’envie, il dit encore pour les petits, les oubliés, la vie perdue, le repos, il manque, il manque de force.

Objets tenus, objets nouveaux, il se figure, il complique, le souffle est fort, le temps est chaud, il est posé sous un arbre et rien n’est pour lui, il s’attache et il s’entrave : la liberté est loin, le sol est lourd d’ennui.

Sa vie, ses membres, il tire sa corde, il joue son cerceau, il tire ses pieds et il racle le sol, la poussière est fine, fine, il recommence et on s’endort au temps perdu, la vie entière, on attend, on se recompose, on finirait, on chanterait, on serait bon, on arriverait. Le port est loin, loin encore, et on voyage sa vie d’un escalier à une pente, d’un mur à un toit, de tuiles aux nuages et on ne voit rien.

On s’endort, le cœur tenu, l’âme mouvante dans le ciel bleu, si bleu et fort. L’air est léger, le souffle est large, bateau perdu si loin, si loin. On entend la vie murmure, le sol est dur et la poussière est fine.

17 Août 2011.

1 commentaire:

  1. Aux heures claires
    s'asseoir et méditer
    le temps s'allonge


    "le coeur tenu"
    comme cela est beau
    beau
    comme ce "Souffle en pavane"


    _


    "No es vida a quien veo,
    ni soy yo quien la miro.
    Con la luz se ha perdido – ¿ para siempre ? –
    mi ser del día, ya,
    y no ha venido aún el de la noche.

    Es un momento
    en que somos mi vida y yo momento,
    – ella de mí, yo de mi vida –,
    ni luz ni sombra,
    ni verdad ni mentira,
    –¿ acaso otra mentira, otra verdad,
    Otra sombre, otra luz ? –

    Una vida y un yo
    de fuera de nosotros.
    No soy yo quien la miro,
    ni es mi vida a quien veo"

    Juan Ramón Jiménez / Belleza / José Corti


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