jeudi 5 septembre 2019

Au désert, la branche.

Tu soupires ainsi. Ainsi, tout se vaut et tout tu dis, la peur, le froid, le trouble, devant les choses rompues, la beauté infidèle, infidèle, le tremblement, la vérité ainsi offerte. Tout devant, reproches tus, prisonnier abandonné au fond du désert, tu penses en oiseau en bout de branche.

Au désert, je tourne et je crie, oh, misère et sort cruel, au fond du désert, perdu, abandonné, prisonnier au bout de la branche, sans rien de plus : tu dis le froid, la peur, le tremblement, comme, comme pour fuir, plus loin, plus loin encore. Au bout de l’aile le bord de la branche, les pleurs, les cris, l’incertitude, le froid, le vent souffle, le cœur palpite, la vie au fond, au fond, le désert tremble.

Les lèvres fermées, le cœur tremble et palpite, il bat et il bat, ainsi, ainsi. Un pas, tu hésites, un pas déplacé, offert au tremblement, le cœur palpite, au sein, au sein, le passage est clair, la vie tourne.

Troublé et tournant et noir et noir, sans le vent, le vent, la vie rendue, sans autre point, sans point, seuls les tremblements, ils palpitent au sein, au sein, la bouche ouverte, le cœur fermé, la vie tourne, il vient, il vient, il se tourne et se rend, au cœur, et tout, et tout palpite, le vent, le sable au désert et sans rien sur les yeux, des voiles où pleurer, et s’étendre aux sables du désert, tourner son cœur, son cœur encore et tout palpite ici, le vent, au bout de la branche l’oiseau, l’oiseau et noir, et noir, il tourne et palpite le cœur défait, les yeux perdus, la vie tourne à cœur, les yeux voilés de vent, de sable pleins, pleins.

A l’heure des oiseaux, au temps compté sur le bout de la branche, il se tourne et cherche en son cœur un regard dévoilé. Et tu soupires encore, à ta main froide un oiseau dévoilé, déposé sur le temps, de regard pénétré, la bouche ouverte et puis fermée et les yeux bien agités, tu comptes au soleil le sable du désert et tout ce qui est, le plus fier et le plus terrible et sans cesse tu forces, forces et serres dans les poings les plumes.

Elles résistent, il, il est étranglé, au bout des yeux, au bout des doigts il reste du son, un peu de branche et des éclats de rire et de soleil. Franchi le désert et les sables, et les, et les, un autre, plus un, plus un, il tremble, le cœur palpite. Tout est compris, compris, le temps est revenu, il frotte au sol le pied, toujours, toujours tendu et dans un grand, grand air, il pose et demande : un éclair, un désir, un éclair, un désir de grande liberté.

17 Décembre 2011.

3 commentaires:

  1. LA PAZ


    Cuando esta madrugada
    abran las campanillas granas
    a la luna dorada,
    tú nos estarás ya en casa,
    sombra desnuda y blanca.

    - Estarás noblemente
    sosegada y risueña entre
    la novedad alegre,
    contenta de tu suerte
    que te hace indiferente,
    tras la vida, la muerte.-

    Se irá encendiendo el día
    con una luz tristísima ;
    lea brisa verde y fría
    llenará, como un agua descendida,
    la azotea vacía.

    - …¡Y habrá que levantarse,
    y habrá que hacer ¡de prisa ! las cosas matinales,
    y habrá que ver y oir por todas partes
    los gritos, las carreras, los alardes,
    - ¡sol en la pobre carne con su sangre ! -,
    las deshumbradas fealdades acres !-

    ¡Crearme, recrearme, vaciarme, hasta
    que el que se vaya muerto, de mí, un día,
    a la tierra, no sea yo; burlar honradamente,
    plenamente, con voluntad abierta,
    el crimen, y dejarle este pelele negro
    de mi cuerpo, por mí!
    ¡Y yo, esconderme
    sonriendo, immortal, en las orillas puras
    del río eterno, árbol
    - en un poniente inmarcesible -
    de la divina y májica imajinaciόn !

    Juan Ramόn Jiménez / Beauté / José Corti, (collec ibériques) p. 48 et 50

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  2. Traduction de Bernard Sesé

    LA PAIX



    Quand à l’aube les campanules
    couleur grenat s’épanouiront
    sous la lune dorée, toi tu ne seras plus
    à la maison,
    ombre nue et blanche.

    -Tu seras noblement posée,
    paisible et souriante,
    dans l’instant nouveau et joyeux,
    heureuse de ton sort,
    qui te rend indifférente,
    après la vie, la mort. -

    Le jour ira s’illuminant
    D’une clarté infiniment triste ;
    La brise verte et froide
    Emplira, comme une eau descendue,
    La terrasse vide.

    -… Alors il faudra se lever,
    et faire, très vite ! les choses matinales,
    et il faudra voir et entendre partout
    les cris, les courses, les vantardises,
    - soleil sur cette pauvre chair avec son sang ! -
    les laideurs âcres et aveuglantes !-

    Me créer, me recréer, me vider, jusqu’à ce que
    celui qui mort, un jour, s’en ira de moi
    dans la terre, ne soit pas moi ; déjouer honnêtement,
    pleinement, délibérément,
    le crime, et lui laisser ce fantoche noir
    de mon corps, à ma place !
    Et moi, aller me cacher
    souriant, immortel, sur les rivages purs
    du fleuve éternel, arbre
    - en un couchant immarcescible -
    de l’imagination divine et magique !

    Juan Ramόn Jiménez / Beauté / José Corti, (collec ibériques) p. 49 et 51

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